Dans les sociétés traditionnelles africaines, le conte est le moyen par excellence non seulement de transmettre  les règles sociales et les connaissances, mais aussi  au quotidien de faire comprendre à l'enfant, par exemple, qu'il est temps pour lui d'apprendre à être propre, comme N'Tumba ici va apprendre à se maîtriser et à "retenir l'ogre."

N'Tumba, au village, tout le monde l'appelle " N'Tumba le pleurnicheur". Pourquoi ?... C'est bien simple, N'Tumba, pour un oui, il couine, pour un non, il couine, bref il pleurniche tout le temps.

Il est grand pourtant N'Tumba, oui, suffisamment grand pour rester seul à la maison pendant que ses parents vont travailler. 
"Mais surtout N'Tumba, ferme bien la porte et n'ouvre à personne, surtout N'Tumba, n'ouvre pas à l'ogre qui ne manquera pas de venir !...Tu as bien compris ? 
- Oui, oui, j'ai compris."

Et les parents de N'Tumba le laissent seul, à jouer tranquillement dans la case. Mais voilà que l'ogre s'approche, il frappe à la porte : 
"Ouvre-moi, ouvre-moi tout de suite ! 
- Non, je ne t'ouvrirai pas ! 
- Ouvre-moi tout de suite ou je t'avale tout cru !
- Oh, pauvre de moi, N'Tumba le pleurnicheur. Pauvre de moi, la maison de mon père, la maison de ma mère ! Pauvre de moi !"

La bouche de N'Tumba se tort, son menton tremble, ça y est, il couine ! 
"Alors, tu m'ouvres ?...
- Oui, oui, tout de suite, oh, pauvre de moi, pauvre de moi !" Et N'Tumba ouvre la porte.

"Donne-moi les haricots de ta mère ! 
- Les haricots de maman ? Non !
- Comment non ?... Donne-moi tout de suite les haricots de ta mère ou je t'avale tout cru ! 
- Oh, pauvre de moi, N'Tumba la pleurnicheur. Pauvre de moi, les haricots de maman ! Pauvre de moi !

La bouche de N'Tumba se tort, son menton tremble, ça y est, il couine ! 
"Alors, ces haricots ?... 
- Oui, oui, tout de suite, les voilà, les voilà, oh, pauvre de moi, pauvre de moi !" Et N'Tumba donne à l'ogre la pleine calebasse de haricots.

Que fait l'ogre ?... Il les avale, comme un glouton, jusqu'au dernier, oui, il avale tous les haricots de la maman ! Et ensuite, que fait-il ? Il s'en va ?... Non ! Il dort ?... Non ! Il mange N'Tumba ?... Non, il a le ventre trop rempli ! Et que fait-il quand il a le ventre trop rempli ?... Il vomit ?... Non, pas cette fois-ci ! IL FAIT CACA ! Partout ! Il y en a partout ! Sur les nattes, sur les murs, et même dans les cheveux de N'Tumba ! Quand les parents rentrent le soir, oh, ils ne sont pas contents, ah non, pas contents du tout !

"Il faut en finir une bonne fois pour toutes avec cet ogre," dit maman en regardant papa du coin de l'oeil. 
"N'est-ce pas N'Tumba ? 
- D'accord !" Dit N'Tumba en couinant.

Le lendemain, quand ils s'en vont : 
"Alors N'Tumba, tu as bien compris ? Tu joues gentiment dans la case et si l'ogre vient, tu ne lui ouvres pas la porte."

A peine la poussière de leurs pas est-elle retombée sur le chemin que déjà l'ogre apparait. 
"Ouvre-moi la porte ! 
- Non ! Je ne t'ouvrirai pas ! 
- Ouvre-moi la porte tout de suite !
- Non, non et non ! 
- Ouvre-moi où je t'avale tout cru !" 
- Oh, pauvre de moi N'Tumba le pleurnicheur, pauvre de moi !"

Déjà, la bouche de N'Tumba se tort, déjà son menton tremble... Non, il ne couinera pas ! Et il serre ses poings. 
"Non, je ne t'ouvrirai pas ! 
- OOOOOH ! Si ! Tu vas ouvrir cette porte !" L'ogre fait mugir sa grosse voix de tonnerre, il frappe la porte de toutes ses forces. 
"Oh, pauvre de moi... NON !... NON !... NON !... Je ne veux pas !"

Pauvre N'Tumba qui serre les dents si fort, il est tout rouge, les larmes veulent sortir... mais NON ! Il n'ouvrira pas ! La porte commence à craquer, ça y est, elle va céder ... Alors, le papa de N'Tumba, qui s'était caché derrière la case avec maman, sort son fusil, tire un grand coup... BOUM ! Et... il tue l'ogre !... BLAM ! Qui tombe par terre. Et voilà ! ... On découpe l'ogre en morceaux et on le met à la poubelle !!! N'Tumba dit alors : 
"Aujourd'hui, je n'ai pas ouvert à l'ogre, désormais, je ne veux plus qu'on m'appelle le pleurnicheur, désormais, je veux qu'on m'appelle N'TUMBA !"

Et personne au village ne l'a plus appelé"le pleurnicheur".

FIN

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