Né à Brooklyn en 2005, le festival alternatif Afropunk a essaimé aux quatre coins du monde, d'Atlanta à Londres, de Paris à Johannesburg en l'espace de treize ans. Présent pour la quatrième fois dans la capitale le week-end dernier, l'événement célèbre l'affirmation des cultures noires décomplexées et dénonce toutes formes de discriminations raciales, physiques ou sexuelles.

« Ce mouvement traduit la volonté de dire que les Noirs ne sont pas associés à un type de musique en particulier », précise l'essayiste et documentariste Rokhaya Diallo qui a animé une des deux journées. « C'est une manifestation extrêmement bienveillante qui prône une forme de liberté que l'on croise dans le public », poursuit-elle.

« J'adore m'apercevoir que le spectacle est autant parmi les festivaliers que sur scène, dans les looks des gens se dégagent quelque chose de spectaculaire. » Ouvert absolument à tout le monde, le succès de la formule repose sur un savant mélange d'une programmation musicale éclectique mêlée à la mode, l'art et la ripaille avec une vingtaine de food trucks.

Preuve du succès, la manifestation a déménagé du Trianon à La Villette l'année dernière et affichait complet pour cette édition avec 8 000 personnes aux styles vestimentaires pointus. Poids plume à côté du mastodonte new-yorkais et de ses 90 000 spectateurs, la déclinaison française attire déjà les voisins, du Benelux à la Grande-Bretagne, puisque près de 40 % du public est étranger.

L’apport des diasporas africaines à la culture contemporaine mondiale

Que de chemin parcouru depuis 2003 lorsque le documentaire Afro-punk, du réalisateur et tatoueur James Spooner, dévoile l'existence d'une scène punk noire américaine dans un genre musical perçu comme réservé à la population blanche.

Le succès du film débouchera sur le premier rassemblement Afropunk deux ans plus tard, organisé par James Spooner et son manager Matthew Morgan qui expliquait : « Afropunk n’est pas la version noire du punk. On peut être punk de mille façons différentes. »

Dépassant les clivages artistiques ou musicaux, le festival s'ouvrira d'année en année à tous les genres électro, indie rock, pop, rap, r&b, reggae et voguing portés par des artistes noirs confirmés ou débutants.

Comme lors du week-end dernier, la Grande Halle de La Villette a vibré grâce à la présence des Nigérians rois de l'afro-pop comme Davido, Wizkid ou le jeune Mr Eazi, à la chanteuse germano-nigériane Nneka, au prolifique Sud-Africain Nakhane à la fois chanteur-acteur-écrivain et à l'artiste neo soul afro-américain Maxwell, parmi tant d'autres.

Après la diffusion de la finale de la coupe du monde de football en Russie, la transition s'est faite avec l'arrivée sur scène, au coup de sifflet final, de l'humoriste franco-ivoirienne Shirley Souagnon accompagnée de la chanteuse franco-camerounaise Sandra Nkaké. Tout le monde s'est mis à danser dans la joie.

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