On connaissait MHD. Moins Mohamed Sylla. Celui qui se cache derrière les lunettes de ce jeune artiste de 24 ans, révélé par un premier album fracassant en 2016, popularisant l’afro-trap, style qui entremêle le rap et les sonorités africaines, écoutées à la maison au milieu d’une famille d’origine guinéenne et sénégalaise. Il se dévoile davantage dans « 19 », son deuxième disque qui sort ce mercredi. « Beaucoup vont apprendre à me découvrir. Je n’avais pas assez parlé de moi jusque-là », lance-t-il.

Il y a encore trois ans, le gamin d’une fratrie de cinq enfants, né en Vendée, élevé dans le XIXe à Paris, enchaînait les petits boulots. « J’étais vraiment livreur de pizzas, je distribuais le journal, je travaillais dans des snacks. J’ai toujours été méga bosseur. Dès 17 ans, je me levais super tôt, j’enchaînais les heures supplémentaires pour aider mes parents. »

La maman est employée dans la cantine d’une école juive, le papa dans des snacks. Parallèlement, Mohamed prépare des chansons dans sa chambre. « Il est le symbole de cette génération qui n’a plus vraiment besoin d’un studio pour faire de la musique, commente Dany Synthé, le réalisateur de son premier disque, collaborateur fidèle de Maître Gims. Je l’ai rencontré à cette époque, on s’est retrouvé en studio. Et en quelques heures on a enregistré le morceau « Fais le mouv ». »

Deux invitations à l’Elysée

Aujourd’hui, la vidéo a été vue… 46 millions de fois sur YouTube, ses clips cumulent 787 millions de vues et son premier album s’est vendu à 400 000 exemplaires. Il devient une star, décroche un contrat avec la marque PUMA… et met à l’abri ses parents. « Ils ont été là pour moi pendant 24 ans en se pliant en quatre, explique MHD. C’est normal que je le fasse à mon tour. Mon père qui est à la retraite, est souvent à Conakry (NDLR : en Guinée), il a une maison, une voiture, plus de problème… »

MHD, lui, quitte le quartier et devient propriétaire d’un appartement à Neuilly (Hauts-de-Seine). « On ne sait jamais quand la musique s’arrête. Il faut se sécuriser un maximum. »

Sa très longue tournée de 200 dates l’a emmené jusqu’au Canada, en Allemagne, aux Pays-Bas, et même dans le très chic et branché festival de Coachella en Californie au printemps dernier. « Je ne connaissais pas cet événement, rigole-t-il. Mais quand j’ai vu mon nom sur l’affiche à côté de Beyoncé, c’était vraiment quelque chose… » Sa popularité lui vaut aussi deux invitations à l’Elysée. « François Hollande a appelé toutes les personnes guinéennes connues pour déjeuner quand il a reçu le président de Guinée. C’était dur parce que je suis habitué au sandwich grec. Et là il n’y avait que des petits trucs dans les assiettes, des couverts bizarres que je n’avais jamais vus. J’étais perdu… » Même chose avec Emmanuel Macron quelques mois plus tard. « J’ai cru qu’il s’était trompé en m’invitant, j’étais qu’avec des écrivains. Il m’a dit bonjour avec une poignée de fer, je n’étais pas prêt, il m’a cassé la main. »

Poteaux de foot dans le quartier

MHD n’est pas dupe des Palais pour autant. « La politique, je calcule pas, elle ne changera jamais la vie des gens. En 2006, on nous a promis un petit stade dans notre cité, on ne l’a jamais vu. La reconnaissance, c’est le jour où ils mettront des poteaux de foot dans le quartier ! »

Son excellent nouveau disque « 19 » qui sort ce mercredi, le 19 septembre donc, en hommage à son arrondissement, s’offre un casting quatre étoiles : un duo Orelsan avec un morceau coproduit par Stromae, un autre en compagnie du chanteur malien Salif Keïta ou encore une collaboration avec le producteur Diplo, le leader de Major Lazer. « Je veux enchaîner d’autres albums, conclut-il. Je suis très en forme, je n’ai que 24 piges et je ne dors pas beaucoup ! »

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