Qu’est-ce qu’un bon amant ? Exceptionnellement, nous avons tendance à être d’accord sur quelques critères : il faudrait posséder des organes fonctionnels, faire attention au plaisir de l’autre, disposer d’un minimum de curiosité.

Manque de chance, ces bonnes intentions se téléscopent avec notre obsession pour la comptabilité façon marchés financiers. D’où des équations pas piquées des hannetons : le bon amant tient 41 minutes, offre une moyenne horaire de 2,6 orgasmes à ses partenaires, son répertoire sexuel comporte 343 éléments et 2 887 sous-catégories.

Commençons donc par notre exigence la plus basique, celle qui consiste à « assurer ». Selon les codes de la performance, le pénis doit être dur, et le rester. Pas évident pour un organe essentiellement flaccide et hautement émotionnel. Par ailleurs, sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, une érection sert à éjaculer – pas à se retenir.

Malentendus et cachotteries

Venons-en maintenant à la deuxième « qualité » du bon coup : il donne toujours des orgasmes à ses partenaires. N’avons-nous pas ici un formidable indicateur de performance ? Non. Déjà, tous les orgasmes ne se valent pas. Ensuite, la jouissance n’est pas le plus-produit de la sexualité : l’extrême majorité des humains savent se soulager tout seuls.

Si nous préférons nous compliquer la vie en demandant à une autre personne de se charger de l’aspect logistique, c’est parce que le relationnel prime... ou le défi d’arriver à faire grimper ses partenaires aux rideaux.

Charge mentale sexuelle masculine

Pour résumer la situation en l’an de grâce 2018 : nous nous acharnons à utiliser un barème qui n’a aucun sens – et certainement pas le sens du plaisir. Faut-il pour autant jeter aux orties cette vision comptable de la sexualité ? Non. Les chiffres ne sont pas mauvais en soi.

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