Un homme avec un chapeau colonial, sur un char du carnaval de Fort-de-France, qui explique qu’il va chercher des esclaves et qu’il faut « rire de ce qui s’est passé ». Des footballeurs noirs que l’on traite de « ramasseurs de coton » pendant un match professionnel. Des manifestants qui insultent une automobiliste noire en lui lançant : « L’histoire des Noirs, on ne veut plus entendre parler de ça ! »

Trois scènes insupportables et qui pourtant se sont déroulées en France cette année – la dernière il y a une semaine. Trois scènes qui nous rappellent que le racisme anti-Noir n’a pas disparu, qu’il est toujours là, nourri par l’ignorance et les préjugés, pour justifier l’injustifiable, le rejet et les discriminations. Ces images, ces insultes, ces injustices ne viennent pas de nulle part. Elles sont la trace toujours brûlante de l’esclavage dans notre société.

Quand on sait que cela fait quatre siècles que l’histoire de France s’écrit dans les Caraïbes autant qu’en Touraine, en Amérique autant qu’en Armorique, dans l’océan Indien autant que sur les rives de la mer du Nord ; quand on sait que, dès la Première République, la France a eu un député noir, Jean-Baptiste Belley, qui était né esclave ; quand on sait que, dès 1879, Paris a eu un maire noir, le républicain Severiano de Heredia, originaire de La Havane ; quand on sait tout cela, vraiment, il ne devrait plus être possible de s’étonner qu’en 2018 les Français « ne ressemblent pas tous à des Gaulois ».

Le moment est venu d’enfin regarder notre histoire en face et de libérer les mémoires car, comme l’écrivait il y a dix ans Edouard Glissant, « chaque mémoire libérée est le premier moment de toutes les mémoires rassemblées ». Il est temps de rassembler toutes les mémoires de la France.

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