Une équipe chinoise affirme avoir mené à terme une grossesse gémellaire portant sur des embryons dont le génome avait été « édité » grâce à la technique CRISPR-Cas9. Une première qui suscite la polémique.

Lulu et Nana, les premiers bébés génétiquement modifiés, des jumelles, seraient nées en Chine au cours du mois de novembre. Leur génome aurait été altéré – alors que leur embryon venait d’être formé par fécondation in vitro – afin de désactiver un gène pour leur conférer une résistance à l’infection par le VIH, virus responsable du sida.

L’annonce a été faite auprès de l’agence AP, lundi 26 novembre, par He Jiankui, un chercheur de la Southern University of Science and Technology (SUSTech) de Shenzhen. AP indique n’avoir pas été en mesure de vérifier indépendamment la réalité de ces naissances. Aucune publication scientifique détaillant le protocole expérimental utilisé n’accompagne cette annonce, dont SUSTech s’est dite la première surprise, demandant la mise sur pied d’une commission indépendante pour enquêter sur ce qu’elle qualifie d’« incident ».

« Si c’est vrai, cela fait un peu peur »

Chercheur à l’Australian National University (Canberra), Gaétan Burgio, utilisateur au quotidien de CRISPR, se dit « mal à l’aise » pour commenter cette annonce, faute d’éléments tangibles disponibles. « Mais si c’est vrai, cela fait un peu peur. » Dans l’ensemble, note-t-il, « on va trop vite avec CRISPR, y compris sur les essais cliniques sur les adultes », dont près d’une vingtaine ont été enregistrés à ce jour, estime-t-il.

Université et scientifiques choqués

Le chercheur va devoir rapidement s’expliquer sur sa démarche : dans un communiqué publié lundi, SUSTech s’est déclarée « profondément choquée » par l’annonce et précise que les expériences ont été conduites hors du campus. L’utilisation de CRISPR pour modifier des embryons humains « constitue une violation sérieuse de l’éthique académique et des codes de conduite », selon l’université. Elle rappelle que toutes les recherches conduites en son sein doivent respecter des règles d’éthique internationales et appelle donc à une enquête pour faire rapidement la lumière sur cette affaire.

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