C’est un genre littéraire et musical qui met en œuvre les qualités imaginatives du poète, et dans lequel les femmes excellent. Il faut noter par ailleurs que la poésie dynastique sérère s’accompagne assez rarement d’instruments mélodiques. On pourvoit à ce manque en tirant de voix différentes, toutes les ressources mélodiques nécessaires à une musique de cour, la percussion de tambours à membrane apportant l’appoint rythmique indispensable à une musique négro-africaine.

Cette situation explique très largement la richesse mélodique des chants polyphoniques sérères. Un don incontestable de création poétique allié aux vertus d’une voix finement ouvragée, ont fait des griottes un appoint beaucoup plus solide qu’il n’y parait pour l’autorité royale en temps de guerre comme en temps de paix.

A la veille des batailles, ces laudatrices par un art consommé de la louange et du chant d’exhortation au courage allié à la morsure d’une langue acerbe, devaient tenir haut le moral des armées avant l’affrontement décisif. L’issue heureuse des batailles était célébrée par des louanges qui immortalisaient la victoire et les vainqueurs, et imprimaient une marque profonde sur la population dont elle flattait l’orgueil national.

 

Née en 1932, Yandé Codou Sène, fut, dès son enfance, formée au chant par sa mère. Maintenant c'est elle qui transmet cette tradition à ses filles dont certaines chantent dans son choeur.

 

Elle appartient au peuple sérère dont Léopold Sédar Senghor est le fils le plus célèbre. Pendant sa campagne électorale, Senghor fit appel à Yandé Codou Sène pour qu'elle chante, accompagnée de son choeur et de ses tambours, juste avant qu'il ne prononce ses discours.

 

Plus tard elle fit partie du cortège du Président lors de ses tournées en Province pour lequel elle accueillait tous les grands hôtes de l'Etat. Elle était la seule à avoir le droit d'interrompre les discours de Senghor pour entonner spontanément un de ses légendaires chants de louanges. La proximité de Senghor inspira un grand nombre de ses chants. Parallèlement elle a toujours participé et participe encore à toutes les cérémonies importantes et à la vie culturelle des Sérères. Sa voix, exceptionnellement grave et expressive, est connue de tous les Sénégalais.

 
Yandé Codou Sène est décédée le 15 juillet 2010.

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