Le comédien est à l’affiche de «Yao», tourné dans son pays d’origine où il n’était pas retourné depuis 8 ans.

Il s’éclate au Sénégal. Omar Sy a renoué avec son pays d’origine à l’occasion du très beau « Yao » de Philippe Godeau. Il y joue un acteur qui retrouve ses racines africaines grâce à la rencontre d’un petit garçon joué par le formidable Lionel louis Basse.

Vous avez fêté dimanche vos 41 ans…

OMAR SY. Oui, et ce film tombe bien. Parce que cet âge est aussi le moment du questionnement. Quel enfant était-on ? Qui veut-on être à notre tour comme père ? (NDLR : il a 5 enfants, 3 filles et 2 garçons entre 18 ans et 15 mois)

C’est un film important ?

C’est un film très important par ce qu’il dit de la transmission, de la paternité, de la spiritualité aussi.

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Quelles sensations avez-vous éprouvé lors du tournage ?

D’abord, je redécouvrais le Sénégal. J’y suis allé une vingtaine de fois depuis que je suis né (NDLR : à Trappes en 1978) mais il s’était passé huit ans sans que j’y retourne depuis « Intouchables ». Je m’y sentais parfois en position d’observateur.

Philippe Godeau, le réalisateur, a écrit le film pour vous ?

Il m’en a même parlé avant d’avoir un scénario. C’était en 2012.

Et vous n’avez pas hésité…

C’était totalement en accord avec ce que j’avais envie de faire un jour. Raconter une histoire qui se passe là-bas, à condition de jouer un personnage qui soit dans ma position, d’origine sénégalaise mais malgré tout français. La plupart du temps, on part de l’Afrique vers l’Occident. Là c’était l’inverse et ça me plaisait bien.

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Il y a une scène qui doit vous parler : la prière aux ancêtres, au bord du fleuve. D’un côté le Sénégal, patrie de votre père, et sur l’autre rive, la Mauritanie, où est née votre mère…

Elle résume plein de choses ! Entre le personnage que j’incarnais et moi, il y avait une espèce de lutte. C’était quelque chose d’assez volcanique !

Le tournage a été une aventure…

Nous sommes allés dans des endroits où le cinéma s’est peu aventuré. Mais voir comment fonctionnaient les deux équipes, sénégalaise et française, était un vrai exemple de double culture! Moi, je comprenais les deux points de vue !

Vous êtes resté proches de vos racines ?

J’ai grandi avec la transmission orale même si je ne comprenais pas forcément. En grandissant on se met à réentendre toutes ces phrases et elles prennent du sens.

La célébrité n’a pas brisé tout ça ?

Non, cette culture m’a même épargné pas mal d’inconvénients sur ce plan-là.

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Récemment, vos films « Le flic de Belleville » ou « Knock » n’ont pas franchement été des succès…

Ça ne peut pas marcher à tous les coups et c’est plutôt sain. Ça prouve que je ne suis pas dans quelque chose de mécanique ou d’automatique.

On vous retrouve, le 20 février, dans un sous-marin sur « le Chant du loup », une superproduction d’Antonin Baudry. Pas trop claustrophobe ?

Pas du tout ! Sinon je n’aurai pas pu faire ce film même s’il a été tourné en studio. Pour moi qui a la chance de jouer dans des films américains depuis un moment, (NDLR : « X-Men: Days of Future Past », « Jurassic World ») c’est la première fois où j’ai, en France, l’opportunité d’en faire un où on sauve le monde !

Vous vous êtes converti il y a plusieurs années à la religion musulmane. Dans un monde violent, cela-vous aide-t-il à trouver l’apaisement ?

Je ne me suis pas converti. J’ai été élevé dans la religion musulmane mais pour mon père, ce n’était pas une obligation de croire. A un moment de ma vie, j’ai décidé de faire ce pas. Oui j’y trouve de l’apaisement. Mais je l’ai aussi avec mes amis, ma famille, avec la vraie vie.

Ce n’est pas très confortable d’être musulman aujourd’hui…

J’ai un lien avec ma foi et c’est quelque chose de très personnel. Moi je vis ma vie comme ça. D’autres l’expriment avec violence. Ce sont eux qu’il faut remettre en cause. Eux personnellement. Pas la religion.

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« Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu », la suite du succès de « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu », sort la semaine prochaine. La comédie au cinéma peut-elle aider à faire avancer les choses ?

Pas seulement la comédie. Elle n’est pas un genre au-dessus, ni au-dessous du cinéma dans ce domaine. Mais je crois oui, que le cinéma dans son ensemble, et l’art en général, peuvent être utiles.

Vous allez incarner Arsène Lupin pour une série Netflix. Comment vous apparaît cette révolution technologique ?

On ne fait pas le même cinéma sur Netflix et les séries n’ont rien à voir avec la télé d’avant. Il faudra que nous nous y fassions mais c’est cet entre-deux qui est intéressant.

Avec leparisien.fr

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