Même si certains parlent de phénomènes de type culturels chez les animaux (utilisation d’outils, invention et transmission de technique…),  la culture est, au sens sociologique, le milieu de vie propre à tout homme (tout homme appartient à une culture) et, au sens anthropologique, une transformation de la nature en dehors de lui et en lui par l’homme, qui lui permet de construire un monde humain et de développer des facultés qui le caractérisent en tant qu’homme comme la technique, le langage, la raison…

La culture, c’est  ce par quoi l’homme se fait homme, soit en perfectionnant ce que la nature lui a donné, soit en s’arrachant  à elle pour s’affirmer comme n’étant pas un être de nature, mais comme un être de culture, un homme, en somme. Donc c’est par la culture nous nous sommes faits et nous faisons homme. Donc si on associe « être humain » à être homme, le sujet ne semble poser aucune difficulté.

Mais « être humain » , ce n’est pas seulement appartenir à l’espèce des hommes, être parmi des hommes, être un homme car un homme peut être inhumain,
 
se comporter sans humanité envers ses semblables ou les êtres vivants . Être humain, c’est  aussi et peut-être surtout faire un usage raisonnable de sa raison, être capable d’« humanitude » (ce terme est un concept issu du monde des soins et de la communication avec les personnes âgées. Il renvoie au fait de considérer tout être humain quel que soit son état avec respect et de reconnaître sa dignité). Être homme,
c’est disposer de qualités objectives, être humain c’est disposer de qualités morales. Or on peut remarquer que le développement culturel ne suffit pas à garantir ce comportement. Le comparatif « plus » invite donc à s’interroger  sur la nature de l’humain : est-ce une donnée ou une conquête ? Et si la culture est-ce par quoi l’homme s’est peu à peu arraché à l’animalité,  suffit-elle pour en faire un homme achevé et réalisé ? La culture peut-elle empêcher l’homme d’être inhumain si elle le fait homme ?

Plan possible :

I .La culture comme auto-production de l’homme à travers ses productions
L’homme se fait homme par la culture et dans la culture.
-Ce qui caractérise l’homme, c’est  que un animal inachevé, incomplet par nature, qui a besoin de la culture pour survivre et devenir homme. Le propre de l’homme est la perfectibilité (selon Rousseau), de mettre en valeur ou de transformer la nature autour de lui par le travail et la technique («L’homme  ne veut pas rester tel que la nature l’a  fait » selon Hegel).
L’homme est un être prométhéen. Selon la mythologie grecque, Prométhée aurait volé aux Dieux le feu et la technique pour les donner a l'homme.

 
 
Le feu symbolise la culture : cuisson des aliments, forge, lumière de la connaissance, foyer autour duquel on se réunit, feu sacré de la religion…
 
-La culture est un processus de civilisation. Elle amène l’homme peu à peu à domestiquer ses pulsions. Être un être de culture, c’est ne plus se laisser aller à celles-ci, développer peu à peu sa raison. La culture civilise l’homme.
 
-La culture est « le développement progressif des dispositions naturelles de l’homme » à savoir la raison, comme l’explique  Kant dans Idée d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitisme. Le développement de la culture, c’est l’histoire de l’homme et l’homme est cette histoire. Mais ce développement culturel a donné naissance à différentes cultures, au sens sociologique, et cette diversité culturelle ne peut-elle pas diviser les hommes et les conduire à ne pas être humain (au sens de qualités morales, d’habitude) ? Être humain est-ce simplement avoir les attributs objectifs d’un homme ?

II. La culture n’empêche pas l’inhumanité de l’homme
 
-L’appartenance  à une culture commune nous unit, participe à notre identité mais en même temps divise : on se pose en s’opposant. Je suis moi car je ne suis pas toi. La culture peut alors amener à nier les autres hommes dans leur humanité en les considérant comme sauvage ou barbare. Et comme le disait Lévi-Strauss, « la barbare, c’est d’abord celui qui croit à la barbarie ». Premier signe que nous ne sommes pas pour autant plus humains.
-La culture peut dénaturer les hommes comme le soulignait Rousseau constatant que les hommes en développant avec la vie en société l’amour
-propre, perdent leur pitié naturelle et rentrent dans la violence de « la fureur de distinguer ».
-La culture peut conduire à une forme de barbarie que Vico appelait la « barbarie de la réflexion ». Elle consiste en un développement de la raison qui se détache de sa fin morale originelle pour se perdre dans des fins techniques, de domination de la nature et de rationalisation générale. Il peut y avoir une inhumanité de la raison comme simple ratio froide et calculatrice qui peut alors se mettre au service du mal. Donc nous sommes, comme le disait Kant, policés, civilisés par la culture, mais il s’en faut de beaucoup que nous soyons pour autant moralisés.

III. La culture ne peut-elle pas nous sauver des effets négatifs possibles de la culture ?
La culture, c’est aussi les productions culturelles de l’homme comme l’art.
 
L’art comme le dit Hannah Arendt permet de construire « un monde » humain et durable qui peut permettre d’accueillir chaque nouveau-né et donc de se comporter avec davantage d’humanité. Ce monde commun pourrait permettre de dépasser les frontières culturelles.
-Se cultiver en fréquentant ces productions culturelles, c’est, disait-on jadis, « faire ses humanités » et donc développer son goût, prendre en considération les autres dans ses jugements (dimension universelle du jugement esthétique) et dépasser les frontières de sa propre culture.
- La culture pourrait être ce qui permet de
s’arracher à sa culture, à son identité culturelle pour accéder à l’universel.
-La culture favorise la réflexion et la discussion critique, conditions pour voir en l’autre un humain avec lequel je peux échanger. Donc la culture peut donner les moyens de devenir plus humain mais cela reste une tâche personnelle sans cesse à entretenir et c’est plutôt le chemin pris par le développement culturel, celui de la technique et de la rationalité technico-scientifique qui peut être un obstacle que la culture en elle-même. La culture devrait nous rendre plus humains, mais c’est  aux hommes de la guider vers cette fin et il
s’agit d’un travail individuel sur soi constant à mener.

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