Introduction :

La culture désigne tout ce qui n’existerait pas sans l’activité humaine. Cela va des routes aux maisons, jusqu’à cette feuille et ce stylo qui me servent à écrire cette dissertation. C’est aussi l’ensemble des us et coutumes, et l’état de savoir d’une génération donnée. L’état de culture au premier abord s’oppose à un état de nature que l’homme aurait connu à l’aube de l’histoire de l’humanité, et qui subsiste encore dans les tribus primitives où l’homme vit à l’écart des grandes civilisations.

De nos jours, il paraît impossible de revenir à cet état de nature originel, mais la culture n’a-t-elle pas finalement dénaturé l’homme ? La culture n’a-t-elle pas tellement transformé l’homme qu’il ne se reconnaît plus ?

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Développement :

PREMIÈRE PARTIE : La culture dénature l'homme.

On peut penser que la culture dénature l’homme, car dès que les hommes sont sortis de l’état de nature, les hommes rivalisent entre eux, se comparent les uns aux autres. Ils se mettent à désirer des choses superfétatoires, ils ne se limitent plus à la satisfaction des simples besoins comme à l’état de nature. Par exemple, pour se protéger du froid, les hommes veulent des vêtements, mais pas de simples oripeaux, il leur faut des vêtements à la mode, des colifichets, des parures pour paraître en société. Ainsi de nos jours, pour paraître plus intelligent que les autres, nombreux sont ceux qui veulent le smartphone dernier cri. Avec le développement de l’état de culture, les hommes ne se contentent plus du nécessaire ; ils perdent leur simplicité, deviennent matérialistes et se corrompent pour avoir plus que les autres.

Cette dénaturation s’illustre aussi sur la santé. Ainsi Rousseau dans le Discours sur les Sciences et les Arts, remarque que l’histoire des maladies est parallèle à l’histoire des civilisations. Ainsi les maladies vénériennes sont apparues avec les échanges humains et la prostitution. Cet état de culture rend donc l’homme vicieux et corrompu, au sens spirituel comme au sens physique.

L’état de nature correspondrait au stade tribal, antérieur à l’état civil et selon Rousseau dans son Discours sur l’Origine et les Fondements de l’Inégalité parmi les Hommes, au départ de l’histoire humaine, l’état de nature n’avait pas encore corrompu la nature humaine. Les hommes, à cette époque n’avaient que des besoins naturels. Par exemple, pour boire l’homme de ces époques lointaines se contentait de l’eau du ruisseau et ne désirait pas de breuvages plus complexes. L’homme se nourrissait de simples baies et n’éprouvait pas le désir de mets plus élaborés. Les hommes, pour survivre sont cependant suffisamment intelligents pour s’inspirer du comportement des diverses espèces animales qui les entourent. Ce qu’aucun autre être ne peut faire, aucun animal ne peut en imiter un autre dans une autre espèce. Seul l’homme a le privilège et la capacité d’imiter les êtres des autres espèces et cela facilite sa survie.

Par ailleurs, étant donné que l’homme à l’état de nature ne dispose pas de tout le confort qu’apporte la civilisation, l’être humain de cette époque est beaucoup plus robuste et vigoureux que l’homme à l’état civil dont le confort a engourdi les membres et rendu plus chétif selon Rousseau. Étant donné que contrairement à l’homme de l’état civil, l’homme à l’état de nature ne doit en général que compter sur ses propres forces, son corps est beaucoup plus souple et robuste, fort et agile, mais aussi endurant et résistant. La culture dénature l’homme dans son corps d’abord en le rendant vulnérable et malingre ou bouffi.

Par ailleurs, avec l’état civil, arrive l’avènement du droit à la propriété. Or, ce droit à la propriété, avec la société naissante a brisé l’égalité naturelle et originelle entre hommes selon Rousseau.

Dès que la propriété est instituée, les hommes se battent pour la possession de tel ou tel territoire, chacun voulant avoir son espace vital. Dans son Discours sur l’Origine et les Fondements de l’Inégalité parmi les Hommes, Rousseau met en relief la violence qui surgit du fait de la création de la propriété : «  Le premier qui ayant enclos un terrain s’avisa de dire ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d’horreurs n’êut point été épargnés au genre humain, celui qui arrachant les pieux, ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables : Gardez vous d’écouter cet imposteur, vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne ! » Cependant l’Humanité ne pouvait éternellement végéter dans une vie sans perfectionnement, le passage de l’état de nature avec nomadisme au stade de civilisation avec sédentarisation des populations, entraîna fatalement des guerres et des conflits d’importance. De plus, les États-Nations ne sont apparus que lentement et à la suite de longs conflits. La révolution néolithique avec l’invention de l’agriculture et de la métallurgie créa sans doute un accroissement des violences entre hommes. Aussi Rousseau déclare : « Ce sont le fer et le blé qui ont civilisé les hommes et perdu le genre humain ». L’entrée dans la civilisation est pour l’homme l’occasion d’une chute, car la naissance de la propriété, le partage des territoires suscita convoitise, amour-propre et égoïsmes d’où surgissement de la violence.

En ce sens, la culture a encore dénaturé l’homme puisqu’elle lui a fait quitter l’état originel où il vivait en paix avec ses semblables. L’apparition de la propriété a créé rivalités et jalousies entre hommes, mais aussi usurpations et injustices.

Ce qui montre, par ailleurs, que la culture dénature l’homme, c’est que l’homme à l’état de civilisation est rendu plus mauvais par les guerres qui n’existent pas à l’état de nature. Les deux guerres mondiales au cours du XXème siècle montrent à quel point l’état de civilisation dénature l’homme en le plongeant dans la barbarie. Au lieu d’apporter progrès et prospérité, l’état de civilisation en générant périodiquement des guerres dénature l’homme.

L’entrée dans la culture entraîne une dénaturation de l’homme aussi par le fait que l’état civil en accentuant les inégalités génère la lutte des classes. La lutte des classes n’existe pas à l’état tribal, donc c’est bien l’entrée dans la culture qui entraîne encore une fatalité pour l’homme. Cette lutte des classes se retrouve à chaque période de l’histoire de l’Humanité depuis le néolithique nous disent Marx et Engels dans le Manifeste du Parti Communiste. Dans l’Antiquité, la lutte des classes opposa maîtres et esclaves, pour céder la place au Moyen-âge à la lutte entre seigneurs et serfs. Puis à l’âge industriel, la lutte des classes provoque un clivage entre bourgeois (qui possèdent les moyens de production) et les prolétaires (qui ne possèdent que leur force de travail). La lutte des classes est un problème inhérent à l’Humanité dès qu’elle entre en phase de culture. Donc, on retrouve une nouvelle fois la dénaturation de l’homme par la culture.

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