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Dans l’ascenseur qui mène au dernier étage de l’entreprise constitué des quartiers du « General manager », je souffle de fatigue. J’ai été appelé il y a 20 minutes par lui-même pour une réunion d’urgence. Appel qui m’a très surpris d’ailleurs je ne l’ai rencontré qu’une seule fois depuis que je travaille ici et je ne sais pas ce qu’il me veut, en général je ne traite qu’avec le « Chief Information Officer », le « Project Analyst » et le « Finance Officer ». Je me regarde une dernière fois dans la glace alors que l’ascenseur s’arrête. Dans une chemise 3/4 grise claire fourrée dans un pantalon à bas large gris foncé ainsi que mes escarpins rouges Jimmy Choo et mon sac noir Channel, MacBook et expresso à la main j’avance avec grâce vers le bureau de Mr Stone.

-Bonjour Messieurs je salue en m’asseyant autour de la table où sont déjà installés 5 hommes, les 4 cités et le « Human Resources Director ».

-Nous vous attendions commence Mr Stone. Je pense que c’est la deuxième fois que nous nous voyons mais je suis votre carrière de très près, vos exploits m’ont toujours impressionné, de vrais tours de magie quand vous arriviez à transformer des ruines en de véritables joyaux, vous nous avez fait une réputation. Cette année nous sommes lauréats pour les « Awards of Excellence », nous avons trois prix ; « Best Business of the Year », « price of the most profitable company » et « the most dynamic company » et pour ça on vous doit beaucoup on allait même organiser une fête en votre honneur ; mais dernièrement tout va de travers, vous savez aussi bien que moi qu’une seule erreur peut vous couter toute votre carrière. Pour Import-export Fabric vous aviez demandé 1 mois, pour les autres projets vous n’avez jamais atteint les délais et cette fois ci vous avez demandé quinze jours de plus et même après cela, on est pas encore sorti du gouffre. Ne pensez pas que les autres ne sont pas au courant, ils n’attendent que ça, que vous vous plantez. Qu’est-ce qu’il y a, vous avez des problèmes personnels.

-Non non Monsieur

-Ce projet vous dépasse peut-être suggère-t-il.

Je secoue la tête en signe de négation.

-J’ai lu le dossier que vous aviez monté, votre approche me semblait excellente, et on aurait déjà dû en voir les résultats. C’est pour cela qu’on vous a appelé aujourd’hui, un échec serait inadmissible.

Je baisse la tête honteuse, c’est la première fois que je me fais gronder pour une tâche que j’accomplis.

-J’ai donc décidé de…………

L’interphone de son bureau l’interromps.

-Votre rendez-vous est arrivé Monsieur fait la voix de sa secrétaire.

-Faîtes le entrer lui réponds Monsieur Stone.

Je suppose que la surprise se voit sur mon visage quand je constate que le rendez-vous n’est autre que Mr Insolent en chair et en os.

Je lui lance un regard meurtrier, que diable fiche-t-il ici ?

-bonjour messieurs, Safiatou.

Je ne pris même pas la peine de répondre, je me retourne vers Mr Stone pour écouter le reste de ce qu’il a à dire.

-J’allais dire Mlle que vous serez momentanément transférée à Import-export fabric.

-Comment ? Vous me virer.

-Non, vous allez arrêter de prendre des affaires en parallèle et vous remettrez celles qui sont en cours à Mr Smith votre supérieur, et vous travaillerez en tant que directrice adjointe de Mr Diallo le temps de tout remettre sur pied.

-Vous avez des objections ?

-Non non

Je sors du bureau une heure plus tard très énervée, Mr Smith et lui à mes talons. j’ai appris qu’il était venu en personne et derrière mon dos suggérer cela à Mr Stone il y a quelques jours. Et après une concertation interne, ils ont accédé à sa requête alors que moi la principale concernée je n’étais même pas au courant.

Une fois à mon bureau, je remets à Mr Smith certains documents et il part en nous laissant seuls tous les deux.

-Qu’est-ce que tu fou encore dans mon bureau.

-Tu me parles autrement dit-il menaçant, je ne suis pas ton pote.

Je soupir de dépit en m’exhortant au calme, si j’ouvre la bouche les choses vont dégénérer et je ne veux pas se scandale.

-Pour ce qui s’est passé hier dit-il plus doucement.

-C’était une erreur, je l’interromps, une simple erreur et j’ai déjà tourné la page.

-Bien

-Maintenant s’il te plaît sors de mon bureau.

-On doit y aller.

-Je commencerai demain, j’ai des choses à faire.

Je pivote avec mon siège pour faire face à la baie vitrée lui signifiant que la conversation est terminée.
Je me laisse aller contre le dossier quand j’entends la porte se refermer. Qu’est-ce qui se passe, ma vie est devenue un vrai bordel. C’est un être hautement nuisible ce Mourdjtaba.

Je me lève, ramasse mes affaires et je rentre chez moi. Après un bain mérité, je m’enfonce dans mon fauteuil, les jambes croisées pour appeler mon père, quand rien ne va, c’est lui que j’appelle.

J’écoute religieusement ce qu’il me dit en me promettant de l’appliquer à la lettre. Et je décide de mettre au boulot dès à présent, plus tôt on terminera, mieux ce sera.

Il faisait un froid de canard le lendemain matin, je portais alors un legging bleu de nuit et un trop grand pull bleu clair avec Nike écris dessus, une paire de baskets noirs aux pieds, un grand bonnet et une paire de gants aussi, ce n’était pas professionnel, c’était ma manière démontrer mon mécontentement, damadonn Niakhtou quoi.

J’arrivais à huit heures piles comme à mon habitude, je saluais les agents de sécurité à la porte, en passant par la réception je trouve Mr Insolent entrain de donner ses directives dans le hall.

-Bonjour Jeanne ; Bonjour Mr je salue en passant mon chemin, il me regarde les yeux grands ouverts, il y a une première fois à tout non. Je continue sans m’en soucier, je l’entends me suivre 30 secondes plus tard. Il entre à ma suite dans son bureau.

-Pouvez-vous demandez à Helena Mr de me préparer un bureau ; je compte m’y installer dès que possible.

-Je peux savoir à quoi tu joues.

-Je ne suis pas là pour jouer mais pour faire mon travail Mr Diallo. D’ailleurs j’ai apporté quelques changements au projet initial, si vous voulez bien les étudier avec moi.

Il capitule et on se met au boulot, à midi je ramasse mes affaires pour prendre ma pause.

-J’ai déjà commandé me lance-t-il quand j’atteins la porte.

-Je ne mange pas ici.

-Très bien j’avais aussi envie de changer d’air donne-moi deux minutes que je…………

-Vous ne m’avez pas compris il me semble je vais prendre ma pause toute seule, sans vous alors prenez tout votre temps je dis en claquant la porte.

Je me dépêche de prendre l’ascenseur et une fois dedans, je m’adosse en poussant un long soupir. C’est très dur tchiip cet homme perturbe toutes mes sens et je n’y comprends rien, il faut que je le tienne le plus loin possible de tout ce qui se rattache à moi, j’ai tenu la moitié d’une journée, je tiendrai toute la durée de notre collaboration.

Je compose le numéro de Khady en sortant du bâtiment, j’ai besoin de ma dose d’anti-stress.

-Mme Diallo lance-t-elle dès qu’elle décroche

-Dieu pourquoi je connais une personne comme ça je dis en levant les yeux au ciel.

-Et je suis sûre que tu lèves les yeux au ciel en ce moment même Mme diallo

-Quand vas-tu arrêter de m’appeler ainsi hein.

-Je te connais très chère comme ma poche toi et Mr Insolent, vous êtes faits pour être ensemble, je n’ai jamais vu deux personnes qui se ressemblent autant.

-Je t’avais appelé pour rigoler pas pour parler de lui je dis en soupirant
-Et c’est moi ta marionnette.

-Toi et tes folies c’est mieux que mille films drôles.

-Devant tant d’éloges, je ne puis qu’étaler mon savoir-faire.

Je secoue la tête, cette fille me dépasse.

J’ai passé l’heure suivante à rire des bêtises de Khady, et je retournais au bureau requinquée prête à affronter Mouhamed Mourdjitaba diallo.

Mon bureau aller être prêt pour le lendemain, je ne l’aurais pas constamment sur le dos, c’est déjà ça. En attendant, je vais me le coltiner pour une demi-journée.

À dix-huit heures nous avons terminés tout ce qu’on avait prévu pour la journée. Je suis satisfaite, les conseils de mon père ont marché car avant on n’avait jamais atteint les objectifs d’une journée trop occupé à se chamailler.

On sorti côte à côte de son bureau pour rejoindre l’ascenseur dans un silence très pesant. Je sus que c’était une mauvaise idée dès que les portes se refermèrent.

-Qu’est ce qui se passe ? attaque-t-il en se tournant vers moi.
-Je ne comprends pas.

-Ne joues pas avec mes nerfs Safie, tu t’es levée un beau matin en te disant je vais devenir froide et distante sans raison.

Sérieux je n’ai rien entendu après le Safie, Safie j’aime bien se surnom pensais-je en souriant.

-Et ça te fait rire, il y a peint clown peut être sur ma tête.

-J’ai décidé d’entretenir des rapports strictement professionnels avec vous Mr.

-Et du jour au lendemain tu l’as décidé tonne-t-il

-C’est mieux pour tout le monde, vous avez vu vous-même qu’on a correctement travaillé et qu’à ce rythme dans quelques jours se sera jeté aux oubliettes.

-Et si je ne veux pas de relations strictement professionnels dit-il en avançant d’un pas.

-Ah parce que tu crois que tu as le choix m’énervais-je, tchiiip, je ne te laisserais pas foutre ma carrière en l’air, compris tu as réussi à me ramener ici sans mon aval pour terminer ce projet, eh bien on va le terminer ce foutu projet et après je ne veux plus croiser de ma vie ta sale face de rat.
Je me tais essoufflée et en me rendant compte que l’ascenseur s’est arrêté il y a un moment déjà et que tout le monde nous regarde.

J’hâte le pas en sortant de l’immeuble tout en espérant que cette petite histoire ne s’ébruite pas même si je sens que je serais le centre des potins de demain.

Quinze jours sont passés depuis la dernière fois, et c’est mon dernier jour chez Import-export fabric. J’en suis heureuse, on m’avait donné un mois et voilà j’ai fini bien avant comme avant tout ceci. Avec Mr Insolent, c’est très tendu, il n’a pas encore digéré ce qui s’est passé la dernière fois, il est plus impoli que jamais, il ne me salue pas, ne toque pas quand il entre dans mon bureau, m’aboie ses ordres quand ça lui chante, bien sûr que ça m’énerve, j’ai juste envie de lui arracher la tête et de rouler dessus, mais pour l’instant je me contente de lui offrir mon plus beau sourire en suivant ses instructions à la lettre ce qui le met plus en rogne.

Je soupire et je m’étire il sera bientôt midi, j’ai passé la nuit à travailler, je me suis couchée à l’aube. J’ai une présentation à faire à des représentants d’une multinationale qui compte dans ses entreprises une chaîne de magasins de vêtements et des entreprises de confections, s’ils acceptent ce que je leur propose (et je suis sûre qu’ils accepteront), Import-export fabric sera leur principal fournisseur de tissus ce qui vas assurer sa renommée et son ascension au niveau mondial et c’est là la dernière étape de mon travail. Le rendez-vous est à 14heures et je suis obligé d’y aller avec Mr Insolent, j’espère juste qu’il ne va pas me déconcentrer, je perds de plus en plus mes moyens en sa présence.

C’est à treize heures que je sors de la douche, je me maquille rapidement ; je donne un coup de peigne à ma tête, je dois aller chez le coiffeur mes cheveux commencent à pousser. Je porte une robe qui m’arrive aux genoux, j’enfile un long manteau pardessus, j’ai mis mes gants, une écharpe autour du coup, une paire de Lou Boutin noire ainsi qu’un sac Hermès marron foncé. Je prends mon MacBook et je me dépêche de partir pour ne pas être en retard. Je dois retrouver Mr Insolent dans le parking de Import-export fabric, on doit y aller ensemble, c’est lui qui connaît l’adresse du rendez-vous.

Je le trouve adosser à sa voiture, manipulant son portable dans un ensemble costume trois pièces gris sur mesure, élégant comme d’habitude.

-Bonjour Monsieur

-Bonjour Safiatou.

Il me tient la portière de la voiture, je m’installe, il fait le tour et s’installe aussi et d’un geste de la main, il fait signe au chauffeur de démarrer.

-Où est ta présentation ? me demande –t-il.

Je lui indique ma machine.
-fais voire reprend-il.

Je fais défiler les pages en lui donnant des détails, expliquant et gesticulant si bien que je ne sentais pas qu’on était arrivé. Quand je descends de la voiture je vois une belle maison au bord de la mer sans rien aux alentours, je me retourne vers Mr Diallo.

-C’est ici le lieu du rendez-vous ? je demande incrédule.

Il hoche la tête.

-Vous ne vous êtes pas trompé d’adresse.

-Non allons-y.

Un portier se trouve à l’entrer, il nous tient la porte alors que l’autre la me prend par la taille.

-Bonjour Mr, Mme.

Nous traversons une allée constituée de part et d’autre de magnifiques jardins. On atteint une autre porte et là même scénario que toute à l’heure, en plus d’une autre personne qui récupère mon manteau, mon écharpe et mes gants, mon esprit fonctionne à 100, je me méfie depuis qu’in est arrivé, plus maintenant avec mon compagnon qui semble très bien connaître les lieux et des employés qui ne sont apparemment pas surpris de nous voir. Nous traversons un autre couloir où on peut voir de magnifiques pièces à travers une baie vitrée et nous débouchons à nouveau au grand air avec une pelouse, une piscine et quelques transats. Sur la pelouse on a dressé une très jolie table pour un tête-à-tête semble-t-il.

-C’est quoi ce cirque et où est notre soit disant rendez-vous.

-Calmes toi me répond-il. Viens t’assoir reprend-il en tirant une chaise, je vais t’expliquer.

Je croise les bras et tourne la tête de l’autre côté.

-Ne m’obliges pas à venir te chercher.

Je ne réponds toujours pas et commence à taper du pied. C’est quand il arrive devant et se courbe surement pour me soulever que je consens à aller m’assoir.

-Tu aurais pu m’éviter de me déplacer.

Je ne réponds pas, je ne sais pas ce qui lui prend mais il a intérêt à avoir de bonnes raisons. Je croise les bras en entendant qu’il parle mais rien, je crois qu’il aime jouer avec mes nerfs, après cinq minutes je prends mon sac et me lève pour partir, mais je ne peux pas bouger puisqu’il bloque la chaise avec ses pieds et je ne fais pas le poids.

-Je ne veux pas m’énerver sur toi je dis entre les dents ; laisses moi partir.

-Et le monsieur, il est passé où ? Rassieds-toi s’il te plaît.

-Non je ne suis pas ta marionnette.

-Peut-être que si répond-il en souriant, voyant que je m’énervais vraiment il reprend je t’explique si tu t’assois.

-Tu avait dit quelque chose comme ça il y a dix minutes.

-Cette fois-ci c’est vrai.

Je capitule en soufflant.

-La multinationale que tu as choisi pour signer un contrat eh bien j’en suis l’actionnaire majoritaire, tu m’as déjà fait la présentation sur le chemin et je suis d’accord.

Je me lève d’un bond.

-Sérieusement tu te fous de moi.

Il se lève à son tour, me tire par la taille et me plaque contre lui d’une main et de l’autre il me caresse la tempe. Je me calme instantanément, j’oublie même le pourquoi de ma colère.

-Ey calmes toi ok ?

Je hoche la tête incapable de prononcer un mot. Il tire à nouveau la chaise et je m’installe avant qu’il ne le demande.

-Je ne pouvais pas te le dire, il y aurait eu conflit d’intérêts et tu ne t’aurais pas tuée à la tâche comme tu l’a fait.

-Et pourquoi tu m’as amené ici alors, c’est chez toi ?

-Oui c’est chez moi, j’aimerai juste qu’on prenne un repas ensemble loin des yeux, qu’on se comporte comme des adultes.

-Et ?

-Et quoi

-Il y a un et non.

-Je voudrais apprendre à mieux te connaître et qu’on parle de nous.

-Nous ? Où as-tu vu un nous ici ?

Il approche sa tête de la mienne comme pour me faire une confidence.

-Tu ne crois quand même pas que je ne sais pas que je te plais dit-il en me regardant droit dans les yeux.

J’ouvre la bouche pour répondre et la ferme ensuite ; je reproduis le même manège sans pouvoir émettre un seul son.

-C’est bien ce que je pensais dit-il en reprenant sa position initiale.

-Non mais non tu ne me plais pas du tout.

-C’est ça oui dit-il un sourire en coin.

- T’inquiètes toi aussi tu me plais beaucoup même reprend-il en me lançant un clin d’œil. Et si on mangeait maintenant.

C’est à 19 heures qu’il me ramène chez moi, j’ai passé finalement un très bon après-midi, je lui ai raconté une grande partie de ma vie, une grande première et j’en sais beaucoup plus sur lui aussi.
Sa mère est sénégalaise et son père guinéen, il a 32ans et habitait New York avec ses parents qui y sont toujours, il a un frère et deux sœurs, c’est lui l’ainé de la fratrie, on a parlé de son enfance et de sa scolarité. Il s’est changé avant qu’on ne parte.

Dès qu’il gare la voiture, je me hâte de descendre, je ne veux pas précipiter les choses.

Il descend à son tour en rigolant.

-Tu sais je ne mords pas, je ne te savais pas si peureuse.

-Moi peureuse mon œil oui.

-Tu ne m’invites pas à entrer ?

-un autre jour.

-Alors on se dit au revoir, je t’appelle quand j’arrive.

-owkey bye.

Je rentre, dépose mon manteau, plonge sur le canapé et me dépêche de composer le numéro de Khadi pour lui raconter.

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