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Je me tiens la tête et crie dépitée putain je ne peux même pas bouger et il n’y a personne ici.

Je suis assise sur le canapé avec une envie pressante mais je ne peux même pas bouger. Je piaffe dépitée.

J’essaye de me lever par moi-même en tirant sur la chaise roulante, mais j’atterris par terre, ouh ça fait mal, je sors mon portable de la poche de ma robe pour appeler ma mère, là je ne peux plus attendre.

-Oui ma chérie ça va tu n’as rien.

-Maman je suis tombée là par terre et j’ai envie d’aller aux toilettes ça urge.

-Et Bintou hurle-t-elle, elle n’est pas là.

-Je l’ai envoyé pour une commission.

-ça ne pouvait pas attendre tu sais bien que tu ne dois pas rester toute seule.

-les critiques après Maman, je suis dans une trop mauvaise posture là lançais-je avant de raccrocher.

À peine une minute et le gardien suivi de l’une des femmes de chambre pénètrent dans le salon où j’ai élu domicile depuis mon retour.
Le gardien me soulève avant de me mettre sur le fauteuil roulant et s’en va et la fille me pousse jusqu’au toilettes du rez-de-chaussée à côté de ma chambre, heureusement que mon père y a installé le matériel adapté pour handicapé pour que puisse me laver toute seule sans aide et que puisse utiliser aussi les WC.

Lorsque j’ai fini, j’ai frappé deux coups à la porte, et la fille m’a ramené au salon sans mot dire, car je suis devenue un peu trop irritable depuis ma presque paralysie. Elle m’a aidé à me réinstaller sur le canapé avant de partir sans demander son reste.

Ça fait trois mois jour pour jour que j’ai eu mon accident devant la porte de ‘’ ‘’ je ne veux même pas prononcer son nom. Je suis sûre que si c’était au Sénégal excusez-moi mais je vous parlerai de ma tombe, les secours mettent minimum une heure de temps à arriver pour venir ensuite palabrer sans se soucier du malade.

À Chicago après cinq minutes, je recevais les premiers soins, j’étais bien sur inconsciente à ce moment-là mais l’heure de mon arrivée à l’hôpital a été marqué sur mon dossier. J’ai été opéré d’urgence, j’avais de multiples fractures sur les jambes, les deux chevilles foulées, deux côtes cassées, ma tête ayant heurtée durement le sol, j’ai eu un traumatisme crânien et pour couronner le tout, je faisais une hémorragie interne. Je suis restée quinze jours dans le coma et les médecins disent que c’est un vrai miracle si j’ai survécu à ça, j’avais perdu beaucoup de sang, il fallait un donneur au plus vite, car j’ai un très rare groupe sanguin et que leur banque de sang n’en avait plus, c’est l’autre là, je ne savais même pas qu’on était du même groupe, qui m’a donné son sang, il ne m’a pas donné une poche mais deux poches de sang, au final il a lui aussi été hospitalisé, c’est le médecin qui m’a expliqué tout cela.

Ils m’ont fait aussi une chirurgie plastique, car mes cicatrices étaient affreuses de chez affreuses, juste avant la fin de mon coma, je ne les ai pas vu, mais ils m’ont montré les photos, j’étais horrifiée. Finalement je suis restée deux mois entiers (la galère) à l’hôpital, pour prévenir d’éventuels complications, et quand je sortais, mon unique problème était mes pieds, ma tête et mes côtes en sont sorties sans séquelle mais pour mes pieds, j’étais paralysée, après quelques examens, les médecins ont dit qu’elle était temporaire et que je commencerai une rééducation six mois après l’accident c’est-à-dire dans trois mois ; en attendant je suis clouée sur un fauteuil roulant et je suis rentrée au Sénégal il y a un mois, et j’ai ma propre infirmière pour prendre ‘’ soin’’ de moi.

Mes parents sont venus me rejoindre dès qu’ils ont été averti et même Khady est venu me voir quand je suis sortie du coma, juste pour une semaine. Mes parents par contre ont suspendu toutes leurs activités et sont restés avec moi durant toute la durée de mon séjour chez les malades. C’est pourquoi depuis que je suis rentrée ils ne restent pratiquement pas avec moi, ils ont beaucoup à faire avec leurs affaires respectives.

L’autre là est aussi à Dakar, je ne peux pas le voir en peinture, bon depuis mon retour, car quand j’étais à l’hôpital, je ne le renvoyais pas, j’avais besoin de sa présence pour m’en sortir (je sais dama niak diom (pas de vergogne)), je refusais de lui parler mais le sentir là à côté de moi tous les jours me donnait la force de me battre tous les jours pour m’en sortir. Depuis que je suis là, j’ai demandé au gardien de ne pas le laisser entrer, j’ai bloqué son numéro, et s’il m’appelle avec un autre numéro je raccroche dès que je sais que c’est lui, il passe par ma mère et par Khady qui ne comprennent pas mon attitude pour avoir de mes nouvelles, Khady est devenu d’ailleurs sa best pote quoi tchuiiip, bon je ne leur ai pas raconté pourquoi je ne veux plus rien à avoir avec lui et lui n’ont plus visiblement, je ne veux pas en parler et ma mère m’en veux d’ignorer son si beau gendre ou son fils comme elle l’appelle. En tout cas c’est leur dos, moi j’ai assez à faire avec mes jambes.

Heureusement pour moi que mon boss a été assez compréhensif quand j’ai repris connaissance, il est venu me voir à l’hôpital et m’a dit que je pouvais prendre tout mon temps, mon poste serait toujours là à m’attendre. De toute façon j’ai repris le boulot, je ne peux pas rester là toute la journée à ne rien faire et pour travailler je n’ai pas besoin de grand-chose, juste mon Mac Book, je m’y suis lancée corps et âme pour atténuer un peu ma souffrance, et la Betty d’avant est revenue, je m’étais adoucie avec Mouhamed, grave erreur, que je regrette beaucoup, c’est une étape de ma vie que j’effacerai bien si je le pouvais, mais hélas…………..

-BETTY SAFIATOU DIAGNE

Le cri de ma mère depuis la porte de la maison me sort de mes pensées ; hum ça ne sent pas bon, elle ne m’appelle comme ça que lorsque je commets des bourdes, de toute façon je ne peux pas bouger d’où je suis pourquoi m’appeler alors.

Je fais celle qui n’a rien entendu en faisant semblant d’être concentré sur ma machine, une minute plus tard elle entre comme une furie dans le salon les mains aux hanches.

-Je peux savoir ce qui te prend crie-t-elle si fort que mes oreilles en tremble, on t’a dit que c’est toi la propriétaire de cette maison réponds moi.

J’attrape ma tête d’une main en faisant une grimace.

-s’il te plaît Maman, j’ai eu une grosse journée et j’ai une horrible migraine si tu t’asseyais pour m’expliquer ce que j’ai encore fait.

-tchuiiip me lance-t-elle en s’asseyant lourdement sur le fauteuil, je sais que tu risques de me causer une crise cardiaque un jour.

Je me retourne vers ma machine tout en sachant que la paix risque d’être de courte durée juste le temps qu’elle reprenne son souffle.

-Betty

-Oui

-Betty

-Maman

-Betty

-oui mère

-je t’ai appelé combien de fois

-3 fois Yaay (maman)

-Depuis quand es-tu devenu si impolie, tu ne connais plus tes bonnes manières.

-j’ai fait quoi Yaay

-Pourquoi…. Mais où il est encore, mon fils

-Oui maman dit Mouhamed en entrant à son tour dans la pièce.

Je lance un tchuiiip tellement fort qu’ils me regardent tous les deux choqués avant que ma mère ne me lance une claque phénoménale ; je me tiens la joue, les larmes aux yeux, c’est la première fois que ma mère et c’est à cause de cet….., même lui me regarde la main sur la bouche, j’appuie sur le bouton relié à mon fauteuil pour que l’infirmière vienne me chercher, c’est dans des moments comme cela que j’aimerai pouvoir marcher, je ne serai pas rester ici une seconde de plus.

-c’est comme ça que je t’ai éduqué, dangfé guiss sa morom (nous sommes tes ainés), il quitte l’Amérique et laisse en plan son boulot, il vient jusqu’ici et tu demandes aux gardiens de ne pas le laisser entrer, c’est ta maison pour que tu décides qui doit venir ou pas hein idiote.

Je ne réponds pas, j’attends juste patiemment que l’infirmière qui se trouve je ne sais où arrive.

-Je reviens mon fils, je vais me rafraîchir, fais comme chez toi.

Elle se lève et s’en vas, l’autre là viens s’assoir sur le même canapé que moi.

-Je suis désolé…….. il se tait dès que je lui lance mon regard là, je crois que c’est mieux pour lui, sinon il aurait vu vrai sauvage là.

C’est à cet instant que choisi l’infirmière pour arriver.

-tu étais où depuis que j’ai sonné

-Pardon Mme je…. Je la coupe en levant la main.
-amènes-moi dans ma chambre.

Elle m’y conduit, et je ferme la porte à double tour dès que j’y entre, elle serait capable de me faire sortir de force.

Je prends mon Mac Book pour chercher un billet d’avion disponible, je ne veux plus rester ici, je rentre chez moi, puisqu’ici ce n’est pas chez moi. Le prochain vol est pour après-demain matin, je confirme quand j’entends tambouriner à la porte, c’est encore Dame-mère qui veut que je sorte, elle n’a qu’à aller discuter avec son invité de marque.

Je me réveille avec plein de courbatures, j’ai fini par m’endormir sans m’en rendre compte, il fait nuit noire et seul le radioréveil sur ta table de chevet diffuse une petite lumière et indique qu’il est 21h déjà ? Mon père devrait être de retour à cette heure, je déverrouille la porte, avant de sonner l’infirmière, elle m’apporte un verre d’eau, je me rafraîchis et elle me ramène au salon où je trouve mes parents cote à cote devant le journal télévisé. Ma mère me lance un mauvais regard, je l’ignore et me dirige du côté de mon père.

-Bonsoir Papa tu là depuis longtemps.

-Bonsoir chérie, tu vas bien. Je suis là depuis 19h, j’ai frappé à la porte mais je n’ai rien entendu et c’était fermé.

-Je me suis assoupie juste et je ne voulais pas être dérangée.
-Et c’est moi qui te dérange tchuiiip enfant impolie lance ma mère.

-Papa j’aimerai te parler je dis en ne tenant pas compte de Mme.

-Je t’écoute.

-Je veux rentrer chez moi.

-Mais pourquoi, il te reste deux mois avant le début de ta rééducation.

-Je sais bien mais je veux partir.

-pour être toute seule là-bas tu n’auras personne pour t’aider.

-J’aménerai Bintou avec moi et ce n’est pas comme ci vous étiez
Là pour m’aider.

-Qu’est ce qui te dérange ici, tu veux partir et laisser ici ton vieux père toi mon unique fille

-On m’a bien fait comprendre que ce n’est pas chez moi ici et que je n’avais pas mon mot à dire dis-je en fixant Ma mère.

-C’est quelle histoire encore hein Chérie dit-il en fixant sa femme.

-Il se passe que ta fille est mal élevée et impolie et se croît tout permis, je lui ai dit que ce n’est pas chez elle et qu’elle n’a pas son mot à dire.

-Chez son père, elle fait ce qu’elle veut, si ça ne te plaît tu n’as qu’à aller chez ton père toi aussi.

Je me retiens de rire voilà pourquoi j’adore mon père.

-C’est à cause de toi qu’elle est aussi pourrie gâtée non, tu sais au moins ce que Mme a eu l’audace de faire aujourd’hui.

-Papa ce n’est pas la peine de vous disputez, je t’avais remis mes papiers non, de toute façon j’ai déjà réservé mon vol, je pars après-demain.

-Je n’ai pas tes papiers dé, je les avais remis à ta mère répond-il.

-Et tu ne bouges pas d’ici ajoute ma mère.

-Quoi Maman, donne-moi mon passeport et mes pièces.

-tu n’as pas compris ce que j’ai dit tu ne vas nulle part, dangay rew rek fingay may feek (tu joues à l’impolie non, tu me trouveras sur ton chemin).

-Papa dis-je en me plaignant

-Ne t’inquiètes pas je vais lui parler d’accord.

Je hoche la tête.

-Tu as déjà mangé me demande-t-il ?

-Non

-Vas prendre ton repas et te reposer, on en parlera demain.

Ça fait un mois depuis lors et je suis toujours à Dakar. Ma mère refuse catégoriquement de me rendre mes papiers à un mois de ma rééducation tout ça à cause de l’autre idiot, il est toujours là hein, il n’est pas encore rentré tchuiiip il n’as pas autre chose à faire que de venir foutre en l’air ma vie.

Ma mère le prend pour un saint, « c’est lui qui t’a sauvé la vie », « s’il ne t’avait pas donné son sang tu serais peut-être morte à l’heure qu’il est », « il est venu à Dakar spécialement pour toi », c’est ce qu’elle passe son temps à me répéter , « Que tu le veuilles ou non le même sang coule dans vos veines, vous êtes liés à jamais », elle ne lâche pas prise, tant que je ne me serais pas réconcilié avec lui pas question que j’aille où que ce soit et cette fois mon père le soutien puisqu’il le considère lui aussi comme mon sauveur, j’ai essayé une fois de lui expliquer ce qu’il a fait pour qu’elle me laisse tranquille mais elle ne m’a pas laissé parler disant que me connaissant, c’était sans importance pfff.

Pire, hier elle m’a entendu en parler avec Khady, je me rappelle mot pour mot de ce qu’elle m’a dit.

-betty toi aussi tu es têtue hana tu ne veux pas rentrer au moins laisse lui une chance.

-C’est toi qui ne comprends pas Khady, tu ne sais pas ce qu’il m’a fait.

-Il s’est largement rattrapé vu ce qu’il a fait depuis ton accident.

Je souffle énervée.

-De toute façon je sais ce que je vais faire.

-Je n’aime pas ton air farouche là à chaque fois tu n’en tire rien de bon, que comptes tu faire ?

-Je ferai semblant de me réconcilier avec lui et une fois rentrée, il regrettera d’être venu semer la discorde entre ma famille et……….
Je n’avais pas fini de parler que ma mère ouvre la porte avec fracas.

-Ko eupouli mbokk meunokadieuw (comment traduire heuuu je sais toujours ce qui se trame chez moi). Comme tu ne connais pas la manière douce, on utilisera la manière forte ; tu ne bougeras pas d’ici d’un seul préalable sans t’être mariée au préalable avec Mouhamed Mourdjitaba Diallo.

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