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C’est la guerre froide à la maison depuis plusieurs jours ; il y a trois équipes. Ma mère et ses supporters, mon père et ses pairs (les spectateurs) et moi.

Je me demande si ma mère n’a pas été marabouté sah ; elle est hermétiquement fermée à la discussion, elle s’en fout de moi, de mes désirs, à quelques jours de ma rééducation elle refuse toujours de me rendre mes papiers, elle dit que je ne veux pas guérir car si je le voulais, j’allais accepter son offre.

Aujourd’hui je joue ma dernière carte, à savoir en parler avec le principal concerné, je ne voulais pas en arriver là, mais je suis obligée. J’ai demandé à Khady de le faire venir, puisque Dame mère ne passe pas la journée à la maison je pourrais lui parler tranquillement.

C’est vers midi que Khady me prévient qu’ils sont presque arrivés, je quitte alors ma chambre (où je reste maintenant pour ne pas avoir à affronter ma mère) pour le salon, j’ai gagné plus d’autonomie avec ma chaise roulante, je peux me déplacer toute seule maintenant.

Je suis moins irritante maintenant que j’ai l’habitude d’être en fauteuil roulant. Au début, je refusais de me regarder dans la glace, mais maintenant j’y parviens, je suis devenue plus claire de peau, cela fait six mois que je ne sors que pour me rendre à l’hosto, et mes cheveux ont grave poussés, Dame mère refuse que je les coupe, je les aime bien ils sont beaux et doux soyeux, n’empêche je les couperai dès que je serais rentrée.

Je souffle dépitée, je me demande si j’y retournerai un jour, ma mère devrait savoir que le chantage ne fonctionne pas avec moi, inchallah je ne me marierai que s’y l’envie m’en prends et non pas pour une autre.

Un coup discret à la porte me sort de mes pensées, la seconde suivante le visage avenant de Khady s’encadre dans la porte, suivi de près par celui de Mouhamed (je refuse de l’appeler Mourdjitaba désormais).

-Bonjour lance joyeusement Khady en me tapant la bise. Je vous laisse discuter poursuis-t-elle en me lançant un clin d’œil.

-Salut me dit-il

-Salut je réponds

Il reste planté à la porte une minute encore attendant sans doute que je fasse le premier pas.

-tu peux t’assoir tu sais.

-Merci dit-il en s’asseyant en face de moi

-Que t’ai-je fait de mal ?
-mais rien

-alors pourquoi t’entête-tu à vouloir détruire ma vie, tu ne crois pas que tu en déjà suffisamment fait comme ça.

-Je ne voulais pas te faire souffrir, je veux juste t’aider, c’est pourquoi j’ai abandonné mon travail pour…..

-Je ne t’ai pas demander d’abandonner ton boulot, ta présence ne fait qu’empirer les choses, si tu n’étais pas là ma mère ne se mettrait pas dans la tête cette idée stupide de nous marier, et je suis sûre que tu ne fais rien pour l’en dissuader, je suis clouée sur cette chaise à cause de toi, mes parents me tournent le dos, ma carrière est standby, je reste à longueur de journée entre ces quatre murs, tu es à l’origine de tous mes malheurs et ils pensent que je vais me marier avec toi, plutôt crevée, je préfère rester paralysée à vie et perdre mon boulot que de le faire lui crachais-je.

-Je…..

-Laisses moi terminer ; je maudis le jour où je t’ai rencontré, je te maudis, je regrette amèrement de t’avoir ouvert les portes de ma maison et celles de mon cœur que tu as brisé en un temps record, je te déteste d’être là, je déteste t’aimer conclus-je alors que mes larmes coulaient maintenant librement. Je te hais de toute mon âme je termine cette fois ci en sanglotant.

Il vient me prendre dans ces bras, je me débats en lui sommant de me lâcher, mais il est plus fort, et je finis par pleurer tout mon saoul sur son torse. Calmée j’allais me séparer de lui lorsque la porte s’ouvrit avec fracas, laissant passer Dame mère, je me détachais de lui illico presto, avant qu’elle ne me voit, mais c’est visiblement trop tard vu le sourire qui fend son visage.

-Je n’y crois pas lance-t-elle, quand le gardien m’a appelé pour me dire que Mouhamed est là, j’ai cru que vous alliez vous entretuer, mais au lieu de cela c’est une belle surprise que je trouve, ma chérie je suis contente que tu aies changé d’avis.

-Je n’ai pas……………..

-Tu vois Maman il fallait juste attendre.

-Mais toi…….

-Ne t’inquiètes pas je vais régler tous les détails m’interrompt-il à nouveau.

Lasse et n’ayant pas la tête à polémiquer, je retourne dans ma chambre en essayant de me faire à l’idée que plus jamais je ne retrouverai l’usage de mes jambes.

J’y trouve Khady couchée, c’est là qu’elle patientait pour que je puisse parler à l’autre là.
-alors ? me demande-t-elle

-je suis fatiguée.

-tu veux que je t’aide à monter sur le lit.

-S’il te plaît oui.

On se met côte à côte en regardant le plafond.

-j’en arrive à regretter le lycée je lui dis

-C’était le beau temps. Tu te souviens du jour où je dormais pendant le cours de Maths et que tu as mis le critérium dans mon oreille et que je me suis réveillé en sursaut en criant « Wouy yayoyy teukhna »

J’éclate de rire, je me souviens bien de ce jour, le prof nous a renvoyées toutes les deux.

-Voilà me dit-elle en m’enlaçant, je voulais juste te voir sourire, tu es tellement belle quand tu souris.

Je lui souris encore plus en l’enlaçant à mon tour, je sais qu’elle sera toujours là pour moi, c’est la meilleure des amies.

On toque à la porte, je n’ai vraiment envie de voir personne.

-Entrez hurle Khady.

Mouhamed montre sa grosse tête par l’embrasure de la porte.

-Je peux te parler ?

-Vas-y entre, c’est Khady qui réponds en se levant.

Elle sort et ferme la porte tandis que lui est debout tel un piquet.

-marions-nous dit-il après un moment.

-Quoi, tu n’as pas écouté tout ce que je t’ai dit.

-Si laisse-moi terminer s’il te plaît, je sais que je t’ai causé beaucoup de soucis et j’en suis désolé, peut-être qu’un jour tu comprendras et que tu pourras me pardonner, mais en attendant laisse-moi t’aider, je me sentirai encore plus coupable si tu ne recouvres pas l’usage de tes jambes, on va se marier pour que tu puisses rentrer et commencer ta thérapie et je te promets qu’une fois là-bas je te laisserai tranquille tu vivras ta vie normalement et après quelques mois, nous leur dirons que l’on divorce pour incompatibilité d’humeur, qu’en dis-tu.

-je ne serai pas obligée de vivre avec toi ?

-Non tu peux rester chez toi.

-alors ?

-tchiiip donne-moi au moins quelques minutes pour y réfléchir. Assieds-toi là entendant, je lui indique le sofa.

Je ferme les yeux en faisant le vide dans ma tête et analyser une fois de plus ma situation actuelle. Je suis encore jeune et je compte bien avoir un jour un mari et des enfants, qui voudra d’une femme paralysée ? Il faut que j’aille faire ma thérapie, de plus si je reste ici je vais perdre mon boulot à coup sûr, je ne peux pas rester là à regarder ma vie s’effondrer, mon boulot, ce pourquoi je me suis battue toutes ces années, et rester ici implique aussi de me coltiner ma mère tous les jours ce qui est pour le moment impossible. Mais si on arrive le là-bas et qu’il veut exiger ses droits de mari, qu’importe, je saurais le gérer, la priorité étant que je parte, de toute façon je n’ai pas d’autre solution. Donc c’est décidé, je me marie.

J’ouvre les yeux et je le surprends entrain de me fixer.

-Quoi ?

-Je croyais que tu dormais.

-Je suis d’accord.

Dès lors que j’ai donné mon accord à Mouhamed les choses se sont accélérés.

Ils ont décidé de ferai le mariage religieux ici, et la mairie à New York chez les parents de Mouhamed.

J’ai eu une grosse dispute avec Dame mère qui voulait organiser une grande fête, j’ai dit niet elle m’a déjà foutu dans ce bourbier, je ne vais pas jouer la comédie devant des centaines de gens en plus.
Cette fois ci mon père m’a défendu en disant que c’était mon mariage et que les choses doivent être fait comme je le désire. Je leur ai dit que je ne ferais pas de fête qu’il y aura juste ma famille et celle de Mouhamed qui arrive en principe ce soir (on est à deux jours du mariage). Elle a tempêté, boudé, crié, je n’ai pas flanché pas de fête=pas de fête.

Mon seul problème c’est Khady, elle me connaît trop bien, elle ne croît pas une seule seconde à mon changement d’avis. Je ne peux pas la mettre dans la confidence, elle gâcherait mes plans, cette fille est la sagesse personnifiée, donc elle est dans mon dos continuellement pour savoir ce qui se passe, elle risque de m’en vouloir mais je lui en parlerai dès que j’aurai mis les pieds chez moi.

Je suis au salon, entrain d’attendre les parents de Mouhamed, ma mère a décidé qu’ils logeront ici pour ce séjour. Elle est partie avec mon père et Mouhamed les chercher à l’aéroport, elle voulait que j’y aille, j’ai dit non.

Si je me souviens bien sa mère s’appelle Salamata et son père Mamadou Malado, son frère Abdou Khadre et ses deux sœurs Marième et Binetou.

Ils sont arrivés vers vingt heures, j’avais fait l’effort de m’habiller convenablement (ce qui n’est pas arriver depuis que je suis de retour) et de me maquiller, ma mère a préparé un véritablement festin pour les accueillir.

C’est mon beau père que j’ai vu en premier, il est venu me faire la bise et me prendre dans ses bras, il a l’air très gentil.

-Tu es toute mignonne chérie me dit-il je comprends pourquoi mon fils est devenu comme fou. Tu ne voudrais pas l’échanger contre moi.

-Volontiers je lui réponds en souriant.

Il s’assois à côté de moi pour faire plus ample connaissance.

Ensuite c’est Mouhamed suivi de son frère qui arrive, c’est fou comme ils se ressemblent, c’est lui en plus jeune, et il est diablement beau le gars.

-Enfin je rencontre Safiatou, j’ai tellement entendu parler de toi que j’ai l’impression de te connaître.

Je souris gêné, alors que son frère lui pince le bras.

-Aïe dit-il en faisant une grimace et en se massant le bras, tu ne veux pas que je répète tous ce que tu m’as dit.

-Laisse ton frère tranquille Abdou.

Il lève les deux mains en signe de paix en marmonnant

-Lui et son ainé pff

Puis il s’est assis à côté de moi aussi et je fus encadré par mon ‘’beau-père ‘’ et par mon ‘’beau-frère’’.

Les deux sœurs sont arrivées toutes pimpantes dans leurs habits de bourge, Marième est plus âgée que moi, et avec Binetou on a le même âge. Elles sont ravissantes toutes les deux (Dame nature a gâté cette famille).

Elles sont venues me saluer, Binetou était très chaleureuse, elle est venue taper la discute dès son arrivée, mais l’autre là elle me regardait de haut, un faux sourire plaqué sur le visage elle me jauge comme si j’étais une bête de foire.
Je repère ce genre de filles de loin, j’en ai connu des tonnes, on ne va pas s’entendre alors là pas du tout.

Enfin sa mère se pointe avec mes parents, elle vient me saluer avec un sourire aussi faux que celui de sa fille hum ça commence bien, je plaque un sourire tout aussi faux sur mon visage et réponds à son interrogatoire.

Le diner en revanche s’est très bien passé, j’ai beaucoup rigolé avec Abdou, c’est un vrai pitre, et il m’a fait oublier tous les problèmes à venir avec des blagues plus pourries les unes que les autres.

La soirée s’est prolongé jusqu’aux abords de minuit, puis tout le monde s’est retiré. Ma belle-mère m’a demandé de l’accompagnait alors que son mari priait sur la terrasse.

Une fois dans la chambre elle m’a montré son vrai visage, façon je m’y attendais déjà.

-Tu vas regretter d’entrer dans notre famille petite effrontée, je ne sais pas ce que mon fils veut d’un handicapé pareil, je ne t’accepterais jamais, je suis sûre que tu l’as marabouté ou que tu as fait ta pute, mais sois sûre que je t’ai à l’œil.

Elle s’attend à quoi que je tremble que je prenne peur, elle a mal choisi sa proie. Je lui lance mon plus beau sourire.

-Passez une bonne nuit ‘’Belle-mère chérie’’ je lui dis en insistant bien sur mes mots.

Je ne vais pas perdre mon temps à lui répondre, c’est ce qu’elle voulait et bien sûr ça se serait retourner contre moi, je ne vais pas lui faire ce plaisir.

En retournant dans ma chambre, c’est la sœur qui m’interpelle, en se mettant au milieu du couloir.

Elle me regarde de haut en bas en piaffant.

-Je ne savais pas que mon frère avait si mauvais goût, dire qu’il a laissé tomber Dior pour une fille comme toi, tu ne peux même pas marcher, tu devrais être dans la rue entrain de mendier comme tes pairs. Je ne sais pas ce qu’il te trouve.

-ta vie est si désastreuse pour que tu t’occupes de celle de ton frère oh pauvre chérie, tu n’es pas encore mariée à ton âge, il faut t’y mettre tu seras bientôt vieille. Je te comprends hein tu ne peux pas savoir ce que ton frère me trouve nahh nekoul si iow (tu ne l’as pas en toi). T’inquiètes je serai ton coach tu vas voir tu vas vite être mariée en attendant dors bien chérie

Je la contourne la laissant ahurie et me rends cette fois-ci dans ma chambre, idiote qu’elle est je préfère mendier dans la rue qu’être comme elle et sa mère, des hypocrites de première.

Le lendemain c’est-à-dire hier veille du mariage, j’ai passé une excellente journée, je ne croyais que je pouvais m’amuser, Belle-mère et belle-sœur sont si facile à énerver qu’en fin de journée ça en devenait ennuyant, moi Betty Safiatou Diagne unique fille de son père qui me cherche me trouve, je sais une vraie petite peste. J’ai collé Mouhamed toute la journée pire qu’une sangsue, en l’appelant par des noms affectueux, ma mère était aux anges pff elle n’a rien compris, et beau-frère qui lançait tout le temps « oh vous êtes trop mignon tous les deux regardes les Mamans »

Et la maman de me regarder en forçant un sourire tout en lançant des éclairs avec les yeux.

Mouhamed ndeysann n’a rien compris à ce qui se passait, il était perdu le pauvre, au moins ça a servi à ce que tout le monde croit en notre pseudo-mariage même Khady qui ne me pose plus de questions.

Là je suis assise sur le lit de ma mère comme le veut la tradition (je ne voulais pas hein mais comme d’habitude, je n’ai pas le choix), à attendre l’appelle des hommes pour dire que le mariage est scellé.

Je suis un peu stressée quant à la suite du plan, et de la réaction de mes parents lorsqu’ils seront la vérité.

J’étais dans mes pensées lorsqu’on m’a tendu un téléphone en me demandant de répondre à mon mari.

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