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-Allô je réponds

-c’est moi

Idiot bien sûr que c’est toi, qui d’autre je n’ai pas cinquante maris.
Je me tourne pour voir si tout le monde est occupé afin de pouvoir répondre correctement.

-Pourquoi tu m’appelles dis-je d’un ton sec

-mais c’est toi hier……..

-hier rien du tout ah parce qu’on est marié tu ne comptes plus respecter tes engagements, tu as menti tchuiiip et ne m’appelles plus OK.

Je lui raccroche au nez, au moment où ma mère vient me parler.

-tu es là ma fille tu as parlé à ton mari.

-unhun

-Rhô tu vas faire la tête toute ta vie, tu es mon unique fille toi aussi, tout ce que je veux c’est ton bien, regardes comment tout rentre dans l’ordre.

-tu n’avais pas le droit de me forcer c’est ma vie et c’est mon mariage, mann may demm seuyi (c’est moi qui vais rejoindre le domicile conjugal pas toi), ce n’est pas toi qui vas y affronter des problèmes mais moi, alors tu n’avais pas le droit de choisir à ma place. Tu sais que je t’aime beaucoup et te respecte mais linga def ça me reste en travers de la gorge.

Les parents doivent savoir qu’à un moment, leurs enfants sont devenus adultes et qu’ils peuvent prendre de très bonnes décisions concernant leur vie et leur projet d’avenir, et arrêter d’imposer leurs propres choix aux enfants qui n’en sortent généralement que meurtris et aigris que ça soit pour les études ou pour leurs conjoints.

Elle me regarde ahuri face à la quantité de paroles que j’ai débitées en quelques minutes.

-Je suis désolée chérie, je ne savais pas que tu le prendrais comme ça.

C’est trop tard pour, j’ai envie de lui répondre.

-Ce n’est pas par rapport à toi que je parlais mais dans un cadre général, je suis contre certaines actions.

Mon père qui entre dans la chambre met fin à cette discussion, il vient me prendre dans ses bras pour me féliciter mais je ne lui rends pas son câlin.

Je lui en veux autant qu’à lui qu’à ma mère, il n’a pas su me défendre et empêcher cette mascarade.

Il est suivi de près par Beau-père et Beau-frère qui viennent me féliciter.

Et bientôt la chambre est pleine à craquer, tout le monde veut voir qui est la femme de Mouhamed (sa famille, ouhh ils sont nombreux, tous les guinéens de Dakar sont là).

Heureusement que ma mère m’avait obligé à me rendre à Shalimar couture chez Diouma Dieng Diakhaté, une grande couturière, qui m’a confectionné une magnifique tenue, et une équipe de maquilleuses-coiffeuses professionnelles se sont déplacés pour mes soins. Donc là sans me vanter je suis époustouflante.

J’entends des Ah d’admirations de la part des invités, ils viennent me saluer à tour de rôle en me complimentant sur ma tenue et sur l’accueil qui leur a été réservé, en effet ma mère a mis les petits plats dans les grands, un service impeccable, ça me fait sourire quand je pense que tout ceci n’est qu’une grosse farce.

Ah un moment tous se mettent à crier, et quand il entre dans la chambre je comprends le pourquoi de tout ce bruit, ils acclamaient le marié.

Ah quoi bon le nier, il est tout beau dans sous boubou blanc, qui met plus en valeur son teint caramel et ses lèvres roses qui se fendent en un agréable sourire, oh mon Dieu.

Je me donne une claque imaginaire, reprends toi jeune fille, tu as déjà oublié tout ce qui s’est passée, je souffle dépitée, je n’aime pas cette faiblesse que j’ai devant lui.

IL s’est entretenu avec ma mère, avant de se diriger vers moi, et là les cris ont fusé de plus belle ;

-Un bisou, un bisou, un bisou…………….

Je l’ai regardé en mode killer, touches moi et je te tue, je ne sais pas s’il a capté ou pas en tout cas il s’est contenté de me faire une bise sur le front. Puis il a dit haut et fort pour que tout le monde l’entende.

-J’ai besoin de te parler en privée.

Ils sont tous sortis en lançant des piques très salaces, j’en étais toute rouge, putain il va me le payer.

-Qu’est-ce qui t’as pris attaquais-je, tu…………..

-tu te tais OK tranche-t-il d’un ton dur et sec.

J’ai ouvert.

-Que ce soit la dernière fois, la dernière fois que tu me raccroches au nez, compris

J’ai hoché la tête.

-Je ne suis pas ton pote, je t’ai laissé trop de liberté tu te permets de me crier dessus, que je ne me répète plus.

J’ai encore hoché la tête.

-Viens on sort rejoindre les autres.

Il m’aide à m’installer sur la chaise roulante et on part au salon, les personnes présentes n’arrivent pas à cacher leur surprise, quand ils étaient venus dans la chambre de ma mère, j’étais assise sur le lit, donc ils ne savaient pas que je suis paralysée.

J’ai droit à des regards bienveillants, comme à de mauvais regards, je n’y prêtais pas attention tellement j’étais énervée par le comportement de l’autre idiot là ; tout ceci est de sa faute et il ose me parler sur ce ton comme si j’étais son enfant.

En attendant me souffle ma conscience tu n’as pas riposté quand il s’est exprimé. Je la fais taire alors que Mr m’installe sur le fauteuil qui nous est réservé.

Je passe le reste de la soirée à ruminer ma colère et à servir des sourires forcés, la fête se termine vers une heure, je suis la première à me retirer, fatiguée, et on devait rejoindre New York le lendemain après-midi.

On a atterri à New York vers treize heures, il fait beau on est en plein été (Juillet).

Nous sommes partis chez les parents de Mouhamed, mes parents m’avaient accompagnée, ainsi que Khady, arrivés là-bas, j’ai dû faire face à un problème que je n’avais pas prévu. Mouhamed et moi devions partager la même chambre durant notre séjour là-bas et le mariage n’aurait pas lieu avant trois jours, donc nous devions minimum partager la même pièce durant quatre jours.

Ah et j’ai fait la connaissance de notre adorable Dior (c’est elle que j’avais vu chez l’autre là), qui leur cousine du côté de la mère et que toute la famille adore tchiiip, elle vit à New York aussi et est la meilleure amie de Belle-sœur sorcière. Ma belle-mère me l’a présentée comme la belle-fille de ses rêves.

Elle n’habite pas avec eux mais elle est venue s’installer quelques jours pour le mariage de son cousin chéri comme elle l’appelle.

Dès le premier jour j’en avais marre, avec sa copine et sa tante, elles ne se lassaient jamais, je ne me savais pas aussi importante, marquage à la culotte, elles me suivaient partout où je me déplaçais.

Je n’avais personne à qui parler, mes parents étaient partis rendre visite à des amies. Khady dormait dans sa chambre. Beau-père, Beau-frère et Belle-sœur étaient partis régler les derniers détails pour la cérémonie.

Il ne restait que le trio de choc, Mouhamed et moi dans la maison. Elles l’ont appelé pour discuter mais il leur a dit qu’il était occupé, avant de se rendre dans notre chambre.

C’est alors qu’a commencé la course poursuite, j’étais dans la cuisine, elles m’y ont trouvé, je me rends au salon même chose, à la terrasse même chose encore ; elles n’osaient pas me parler directement, mais elles lançaient des piques et ne discutaient que de souvenirs de moments passés entre Mouhamed et Dior.

Je leur adressais mon plus beau sourire même si mon cœur en a pris un coup ; il s’est donc toujours joué de moi.

Quand j’étais sur le point de craquer, et je ne leur laisserai voir ça pour rien au monde, j’ai appelé Mouhamed.

-allô

-bb tu fais quoi ? j’ai envie d’une promenade il fait beau aujourd’hui.

-J’arrive

-Je t’attends bisous.

Ça a suffi pour leur clouer le bec.

-Pourquoi tu ne nous as pas dit que tu avais envie de sortir, nous t’aurions accompagné, pas la peine de déranger mon fils, il a dit qu’il est occupé. C’est belle-mère qui essaie de m’empêcher de sortir avec son fils comme ça.

-Je n’ai pas envie de sortir, j’ai juste envie de passer un moment en amoureux loin des yeux je lui réponds avec mon sourire toujours.

Une minute plus tard Mouhamed arrive et on sort sous les regards furieux de notre trio.

On n’est pas parti loin, il y a un parc à quelques rues de chez les beaux-parents, c’est là qu’on s’est installé.

Quand je sens son regard sur moi trop longtemps alors que j’observais moi-même les enfants jouer, je lui fais face pour savoir ce qui se passe.

-Quoi ?

-tu es sûre que tu es seule dans ta tête.

J’éclate de rire avec la tête qu’il fait, il est sérieux dans son délire.

-sérieux, un instant je suis ton homme, tu es ma Safie, celle que j’ai connue avant tout ceci, l’instant d’après tu es cette personne froide et aigrie comme maintenant me dit-il le regard brûlant.

Je détourne le regard en haussant les épaules.

-Prêtes-moi ton téléphone s’il te plaît je lui dis après quelques minutes de silence.

On est resté là-bas jusqu’à la tombée de la nuit, entre temps sa mère a appelé, dès que j’ai senti son portable que j’avais entre les mains vibrer, je l’ai envoyé me chercher une glace avant de décrocher.

-mon fils où te trouve j’ai besoin de toi.

-c’est moi belle-mère

-passes le téléphone à mon fils.

-désolé mais il ne peut pas répondre, il est occupé vous pouvez comprendre ce genre de choses, tout le monde est passé par là les affaires de nouveaux mariés là.

-ça suffit me lance-t-elle avant de me raccrocher au nez.

Finalement j’aime bien ma belle-mère.

Je me réveille en douceur, bizarrement j’ai bien dormi cette nuit, j’ouvre un œil, je vois Mouhamed, je le referme en souriant avant d’ouvrir les deux yeux, stupéfaite mais qu’est-ce qu’il fou sur mon lit, je lui avais pourtant demander de dormir sur le sol, je lui ai même donné des couvertures et un oreiller pour.

J’allais le pousser pour qu’il tombe lorsque j’entendis la porte grincer, par le miroir, j’aperçois Dior nous épier, heureusement qu’il s’est couché sur le lit, si elle l’avait trouvé par terre, elles ne me lâcheraient pas les baskets, je commence même à en avoir marre de cette situation, vivement le mariage, et la première qui me parle mal je lui casse la gueule, voilà, en attendant elle n’est toujours pas partie cette sangsue, je me résous à jouer aux amoureuses transies.

Je me sers encore plus contre lui, de ma main je lui caresse la joue et le menton.

-réveilles toi mon amour je luis dis.

Il ouvre les yeux quelques secondes plus tard étonné au max, sachant qu’il risque de dire une bêtise devant l’autre là, et bah je l’embrasse, il met quelques secondes à répondre puis ça se fait naturellement, Mamamia c’est tellement bon que j’en oublie tout ce qui nous entoure, j’avais oublié à quel point il a une bouche délicieuse, je me sens toute chose, et un léger frisson me traverse l’échine.

Ça a duré combien de temps dix secondes, dix minutes, une heure, je ne saurais le dire, ce n’est que lorsque j’ai senti un truc dur contre mes cuisses que je suis brutalement revenu à la réalité, et je me suis violemment détaché de lui toute essoufflée.

-ce…… c’est Dior qui nous épier, je lui dis toute gênée.

Honteuse, je cherchais à tout prix à descendre par moi-même du lit, je perdis équilibre par deux fois en essayant d’attraper la chaise roulante.

-laisse-moi t’aider me lance-t-il.

Avant qu’il ne contourne le lit, j’étais déjà tombée en injuriant ; il me prend dans ses bras sans mots et m’amène à la douche où il a supposé que je me rendais.

Cela fait trois jours que je suis rentrée chez moi et trois jours aussi depuis le mariage civil, je n’ai eu de nouvelles de presque personne, les pauvres me croient en lune de miel.

Avant le mariage, j’avais demandé à Mouhamed de m’enlever juste après la cérémonie, c’est une chose courante qui se fait au Sénégal, le marié après la cérémonie s’échappe avec sa femme avec la complicité des amies et/ou sœurs de la mariée, pour une escapade et sans l’autorisation des parents qui ne savent pas où ils se trouvent.
Donc pour m’épargner toutes les choses que j’aurais eu à supporter si j’étais restée, j’ai demandé à Mouhamed de le faire, il a demandé à Khady de me préparer une valise, que même moi je n’étais pas au courant, une surprise donc juste après le mariage, bye bye.

Je suis rentrée chez moi et je suppose qu’il est chez lui aussi, à Chicago hein, j’ai envoyé un message à Khady pour tout lui expliquer avant d’éteindre mon téléphone, pour quelques moments de répit.

Je peux me débrouiller seule, ici car on avait apporté quelques modifications, juste après l’accident pour adapter la maison avec ma nouvelle situation. Néanmoins, j’ai engagé une infirmière personnelle pour m’aider lorsque c’est nécessaire.

Je l’ai rallumé ce matin car je commence ma rééducation demain inchallah.

À peine trente minutes et Dame mère appelle.

-oui Maman.

-ma fille j’ai essayé de te joindre plusieurs fois même sans succès, de même que pour Mouhamed.
Ah il a eu la bonne idée d’éteindre son phone aussi

-je l’avais éteint Maman

-je le sais, je ne suis pas folle non plus, ce qui se passe c’est que je l’ai rappelé tout de suite, il a rallumé son portable tout comme toi, je lui ai parlé, mais quand j’ai demandé à te parler, il a bégayé, hésité avant de me sortir une excuse bidon et de raccrocher, et comme je te connais, je sais qu’il y a anguille sous roche, passes moi Mouhamed que je puisse vérifier si tout va bien.

Cette dame est trop perspicace, et moi j’en ai marre de mentir.

-Maman, je suis chez moi, et Mouhamed chez lui.

-Aladji vient écouter ce que ta fille est entrain de raconter, attends je mets sur haut-parleur, répètes ce que tu viens de dire
- je suis chez moi, et Mouhamed chez lui.

-et pourquoi cela demande ma mère glaciale.

Je transpire à grosses gouttes, je ne savais pas que ce serait si dur d’affronter les parents.

-Betty je n’ai pas tout le temps du monde.

-ce ce mariage n’est pas valable à nos yeux, on a accepté de se marier que pour que je puisse revenir me soigner, on compte divorcer dans quelques mois, dans six mois car selon la loi ici, on ne peut pas annuler un mariage avant qu’il n’ait duré 180jours je réponds en bégayant.

-quoi tonna mon père si fort que j’ai l’impression que mon tympan s’est troué. Merde on t’a dit que t’est une toubab, tu me parles de loi américaine ou de je ne sais quoi, niou takk la si farata Yallah ak sounnah Seydina Mouhamed (PSL) (qui m’aide à traduire) non seulement tu parles de divorce sans raison ce qui est haram mais tu me dis que ce mariage n’est pas valable, tu ne connais pas la sacralité d’un mariage béni par Dieu. Je n’ai pas grand-chose à ajouter, tu ramasses tes clics et tes clacs et tu retournes chez ton mari, qui est ton chez toi, et je ne veux plus jamais t’entendre parler de divorce, ce mot n’existe pas dans notre famille, si tu ne fais pas ce qu’on te dit je te renierai, tu ne seras plus ma fille, tu m’as vraiment déçu, cette fois tu es allée trop loin, dit-il d’un ton triste avant de raccrocher.

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