Les différences de QI selon nos origines existent, mais s'expliquent par notre environnement intellectuel, pas par nos gènes. Demain sera vertigineux, par Laurent Alexandre.

Les racistes s'en délectent et les antiracistes n'osent pas aborder le sujet: les Africains vivant en Afrique ont de médiocres performances moyennes aux tests de quotient intellectuel (QI). Cela ne doit rien à l'ADN et tout à l'environnement, même si, depuis la fin du XIXe siècle, les racistes ont instrumentalisé la génétique pour justifier leurs préjugés pro-colonisation.  

Les différences de QI selon nos origines existent, mais s'expliquent par nos conditions de vie, pas par nos gènes. Nos capacités cérébrales dépendent de l'interaction entre de nombreuses séquences de nos chromosomes et notre environnement, notamment intellectuel et nutritionnel. 

Les effets d'un environnement intellectuel stimulant

L'importance majeure de l'environnement dans la construction de nos capacités intellectuelles est illustrée par l'effet Flynn, du nom du chercheur qui l'a mis en évidence: le QI s'est considérablement élevé dans les sociétés occidentales au XXe siècle. Cela est dû au fait que les individus ont bénéficié d'un environnement intellectuellement plus stimulant qu'autrefois, avec l'allongement des études, la réduction des inégalités entre hommes et femmes et une plus grande attention parentale.  

 

La société propose à l'enfant plus d'informations et de défis intellectuels. Le gain moyen en Occident est compris entre 3 et 7 points de QI par décennie. Les Pays-Bas, qui disposent des tests effectués sur les appelés du contingent, enregistrent une progression du QI de 21 points entre 1952 et 1982. 

 

Pourtant, depuis quinze ans, l'effet Flynn semble s'être inversé dans les pays occidentaux. La moyenne du QI français a chuté de 4 points entre 1999 et 2009. Cette chute contraste avec une hausse rapide dans les pays asiatiques, ce qui montre bien que cette dynamique est environnementale et éducative et ne peut pas correspondre à une évolution génétique, qui exigerait un temps très long: le QI moyen à Singapour et à Hongkong (108) est de 10 points supérieur à celui constaté en France (98). 

Le paysan africain pauvre qui souffre de parasitoses, n'est jamais allé à l'école et a été carencé en iode pendant sa vie foetale a le même QI que le paysan savoyard de 1850: l'Afrique n'a pas encore bénéficié de l'effet Flynn. Un accouchement difficile, qui réduit l'oxygénation du cerveau, le paludisme, une déshydratation liée à une gastro-entérite entraînent des dégâts neuronaux: les jeunes Africains avaient naguère les conditions de vie les moins favorables au développement neuronal de toute la planète. 

Bill Gates, un des acteurs de l'explosion du QI des Africains

Cette situation change: la pauvreté recule, les techniques obstétricales progressent et les grandes maladies commencent à être sous contrôle, grâce à Bill Gates, par exemple, qui a décidé de consacrer la quasi-totalité de sa fortune à révolutionner la santé dans les pays pauvres. Il s'est concentré sur des sujets "low- tech", comme l'amélioration des latrines, l'accès à de l'eau non contaminée ou la distribution de vaccins et de médicaments dans la brousse: ce sont les technologies de base qui ont l'impact maximal.  

Son action est impressionnante en Afrique, où 300 millions de personnes sont vaccinées contre les principales maladies, ce qui a déjà sauvé plus de 10 millions de vies. En faisant reculer les maladies infectieuses préjudiciables au développement du cerveau des enfants, l'installation de latrines augmente aussi sûrement le QI de la population que la scolarisation. Par ses combats, Bill Gates sera ainsi un des acteurs de l'explosion du QI des Africains. 

S'il existe une part génétique à la disparité de nos capacités intellectuelles individuelles, il n'y a pas de différence de potentiel entre les "races": c'est génétiquement impossible. Le rattrapage africain va le prouver tout aussi clairement que le dépassement des Occidentaux par les Asiatiques. 

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