L'oppement de la biologie moléculaire en France, à partir du début des années 1960, est considérable : le signe le plus visible en est la construction de nouveaux laboratoires ou départements de recherche. À l’Institut Pasteur, un bâtiment flambant neuf de biologie moléculaire est inauguré en 1972. Un Institut de Biologie Moléculaire est aussi créé au sein de la nouvelle Faculté des sciences, alors en construction, sur le campus Jussieu – ­destiné initialement à accueillir les pasteuriens –, et un Institut de Pathologie Moléculaire est inauguré à l’hôpital Cochin. Des initiatives analogues ont lieu en province. La création de ces nouveaux laboratoires s’accompagne de l’attribution de crédits importants, et du recrutement de jeunes chercheurs. Des programmes spéciaux de formation doctorale sont mis en place par la dgrst (Direction générale de la recherche scientifique et technique) pour attirer vers la biologie des étudiants issus des Grandes Écoles et/ou ayant une formation initiale en physique ou en chimie. Plusieurs collaborateurs de Jacques Monod et de François Jacob profitent de ces opportunités pour développer leur propre équipe de recherche. La biologie française est, encore aujourd’hui, l’héritière de cette phase d’expansion et des mouvements de personnes qui l’accompagnèrent. La prise de pouvoir par les biologistes moléculaires de l’Institut Pasteur a commencé dès la fin des années 1950 et elle a été confortée et amplifiée par l’attribution du prix Nobel en 1965. Toutefois, la molécularisation de la biologie française n’est pas totale, et souvent plus apparente que réelle. Le nom des laboratoires change plus vite que le contenu des programmes de recherche : nombre de biologistes «traditionnels» et de biochimistes survivront (au prix de quelques petites concessions superficielles)...

FacebookTwitterFacebookLinkedInPinterest