Dans la région des Grands Lacs, et plus précisément au Rwanda, se pratique le kunyaza, dérivé du verbe kunyaàra, «pisser» en langue rwanda-rundi. Un rituel séculaire de l'éjaculation féminine très particulier que le documentariste belge Olivier Jourdain a découvert pour la première fois en 2009 en partant tourner à Kigali pour l'ONG Afrique en Marche:

«L'objet du film était un homme à femmes qui n'arrêtait pas de se vanter de ses conquêtes nocturnes. Un matin, je vais chez lui et je vois son matelas qui sèche dehors. Tout naïvement, je lui demande pourquoi. Au lieu de me raconter la chose clairement, il préfère me narrer un conte: le roi du Rwanda étant parti à la guerre, la reine avait choisi de faire l'amour avec un garde. Ce dernier, incapable de la pénétrer, tremblait de peur et s'est mis à stimuler les lèvres et le clitoris. De cet acte sexuel, la reine aurait éjaculé le lac Kivu...»

 

Dans L'Eau sacrée, Jourdain filme justement une longue scène où plusieurs générations, de l'enfant en bas âge à la grand-mère, viennent se baigner dans des sources d'eaux chaudes entourées de plantes, partagent leurs savoirs et expériences en matière de kunyaza. Où l'on apprend aussi que l'éjaculation féminine est devenu un droit au plaisir, pour la femme comme pour l'homme. Jourdain poursuit l'explication:

«Les hommes rwandais le reconnaissent: ils ont plus de plaisir lorsqu'ils pénètrent. Mais ils doivent se soumettre à cette pratique du kunyaza. Le plaisir de l'homme passe par celui de la femme, et si cette dernière n'en a pas, l'homme n'en aura pas. C'est donc un acte sexuel féministe.»

 

Un acte sexuel féministe... et supervisé par les femmes, évidemment. Nombreux sont les hommes qui vont «s'exercer» auprès de femmes d'expérience –très souvent, des prostituées de la capitale Kigali– afin de donner du plaisir à leur future compagne. Aussi, le kunyaza est précédé d'une autre pratique censée développer le plaisir féminin: le «gukuna». Alors qu'elles sont encore adolescentes, les Rwandaises se prodiguent des massages mutuels sur leurs petites lèvres vaginales afin de les étirer et ainsi, décupler les sensations. Le tout, sous le regard bienveillant et les conseils de la tante paternelle, qui chapeaute le délicat apprentissage.

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