Les élèves disent parfois : « Les profs, ils nous disent de relire nos leçons le soir mais moi, ça me sert à rien. Ça me saoule, du coup j’y passe trois heures et je retiens rien de toute façon ! ». Forcément, peu de personnes leur explique COMMENT relire leurs leçons et réviser efficacement ! Au final, ils sont nombreux à appréhender les devoirs et les révisions comme une tâche ennuyeuse, obligatoire, sans saveur : en bref, la grosse corvée… Dans ces conditions, sans plaisir ni intérêt et encore moins de projet, comment ces enfants (et adolescents) peuvent-ils apprendre ?

Comment trouver des moyens de dire au cerveau que l’information lue, écrite, consultée et apprise est importante, qu’elle a de la valeur, de l’intérêt pour le long-terme… et qu’elle mérite donc d’être retenue ?

1. Parler de l’information à quelqu’un d’autre

Une manière de signaler une information importante au cerveau est d’en parler, de jouer soi-même au professeur. Cela peut aussi consister à (se) poser des questions sur le sujet pour l’approfondir.

J’ai rédigé un article consacré à l’art de (se) poser des questions pour apprendre : Apprenons aux enfants à se poser des questions.

2. Les flash-cards

Les flash cards sont des cartes dont le recto et le verso indiquent deux informations en rapport, souvent la question et la réponse (par exemple, 7×9 au recto et 63 au verso, une image et sa traduction dans une lange étrangère). Le fait de fabrique soi-même des flash-cards afin de s’auto-tester renforce le processus d’apprentissage.

 

3. La création d’images mentales et d’histoires

Le fait d’associer un mot ou une phrase à une image permet de mieux s’en rappeler. L’idéal est même d’inventer une histoire à partir d’une liste de mots à mémoriser. Dans son livre Objectif Mémoire, Hélène Weber raconte une histoire pour se souvenir du nom des planètes dans l’ordre :

Un superbe SOLEIL a près de lui un petit thermomètre au MERCURE. Le soleil a si chaud que le thermomètre éclate et que les petites billes de métal liquide roulent devant vous.

Curieuse et amusée, une petite jeune femme que vous imaginez belle, voluptueuse et dégageant un doux parfum vient vers vous. Et comment s’appelle cette jolie déesse ? VENUS !

Vénus joue, s’amuse avec les billes de mercure. Elle prend forme devant vous et finalement lance au loin l’une des billes de mercure qui atterrit avec un « boum » retentissant au milieu de votre jardin : sur TERRE.

Mais la bille est légère et de votre jardin, elle rebondit dans celui de votre voisin. Votre voisin est petit, colérique et hargneux. Et qui est le dieu de la guerre ? MARS.

Mars est prêt à bondir sur vous pour vous terrasser. Mais il est stoppé dans son élan par un géant tellement grand et puissant qu’il en fait trembler toute la terre autour de vous. Vous levez les yeux vers ce géant qui est aussi votre meilleur ami : une mèche de ses cheveux glisse sur son front, formant le « J » de JUPITER : le roi des dieux.

Sur le tee-shirt de Jupiter, vous apercevez le mot SUN (soleil en anglais), qui forme le début des noms des trois planètes suivantes : SATURNE, URANUS et NEPTUNE.

Jupiter rit à gorge déployée. A ses pieds accourt le petit chien de Walt Disney : PLUTO(N).

Mathieu Protin livre quant à lui en vidéo ses trucs et astuces pour retenir les tables de multiplications à base d’imagination et de petites histoires humoristiques. Je vous invite à lire cet article pour en comprendre le principe : Les 4 clés de la mémorisation efficace : à tester avec vos enfants.

4. Illustrer avec des exemples concrets, des pictos ou des schémas

Une information comprise est plus facilement mémorisée puisqu’elle est explicable avec ses propres mots. Mais pour comprendre une information, il faut être capable de l’illustrer que ce soit avec des phrases exemples, des pictos ou des schémas.

Phrases exemples
La jeune fille de 5° à qui j’apporte mon aide devait mémoriser une liste de 5 mots par cœur, dont « caduque ». Elle était capable de me réciter la définition à peu près par cœur mais je sentais bien qu’elle n’en avait pas compris le sens. Je lui alors demandé un exemple d’utilisation de ce mot et après un long moment d’hésitation, elle m’a répondu : »du jambon périmé est caduque. » J’ai donc repris la définition avec elle, je lui ai donné un exemple auquel je pensais (le Minitel) sans le lui imposer si elle préférait en trouver un autre et elle a fini par me dire : »Mais en fait, caduque ça veut dire passé de mode. » Bingo, le déclic s’était fait !

Pictos d’illustration
Il y a un village proche de chez moi dans lequel se trouve un zoo connu pour son emblème : un gorille qui a été élevé presque comme un enfant par les propriétaires. J’ai rencontré une personne qui habitait dans ce village et, pour me rappeler de l’endroit où elle vivait, je l’ai dessiné à côté de son nom écrit… et à chaque fois que je pense à cette personne, j’imagine un petit gorille dans ma tête :-).

« Un schéma vaut mille mots. »
Toujours avec mon élève de 5°, nous travaillions sur la notion de réchauffement climatique. Or je me suis aperçue qu’elle avait du mal à apprendre la définition des gaz à effet de serre. Je l’ai donc questionnée sur le cours et ce que la prof en avait dit. Réponse : »Rien, elle nous a juste dit de recopier la définition du livre. » Afin de partir de ses représentations mentales, je lui ai demandé d’exprimer en un schéma ce qu’étaient pour elle les gaz à effet de serre. A partir de ce schéma (qui représentait tout de même une centrale nucléaire comme unique source du réchaufement climatique…), nous sommes passées par les grandes inondations de New York et de La Nouvelle Orléans, par le tsunami de Fukushima, par la possible disparition des Seychelles, par les voitures électriques avant d’aboutir à un schéma correct.

Le sketchnote
Je vous invite à lire cet article pour comprendre comment intégrer pictos et schémas lors de la prise de note en classe ou lors de la mémorisation des leçons : Sketchnote : une prise de note graphique et visuelle à tester avec les élèves.

5. Transformer la leçon sous forme de Mind Map

Relire une leçon ne veut pas dire « juste » relire mais aussi la transformer de manière personnelle pour l’intégrer et la comprendre. Passer une leçon sous forme de Mind Map est un moyen de relecture efficace car cela nécessite de sélectionner les informations importantes, de penser à l’agencement des branches de la carte mentale, de synthétiser les informations sous forme de mots clés, de réfléchir à des pictos d’illustration.

6. La technique de l’arrosage

Qu’est-ce qui est le plus efficace pour arroser une pelouse ? L’arroser pendant 90 minutes une fois par semaine ou bien trois fois 30 minutes ? C’est pareil pour les apprentissages : il vaut mieux privilégier des séances courtes et espacées que des longues séances intensives. L’énergie du cerveau est alors tellement mobilisée pour rester concentré qu’il ne reste plus assez d’énergie pour le processus de mémorisation.

7. Attendre deux ou trois jours avant de revenir sur l’information

Certaine études ont même montré qu’il est plus efficace de revenir sur une leçon plusieurs jours après la première mention en classe. On pourrait donc se passer de cette fameuse assertion : « Relis tes leçons le soir-même ! » et attendre deux ou trois jours.

8. Associer des mots à apprendre par coeur à des bruits, des endroits ou des mouvements

Des indices contextuels peuvent aider la mémorisation. Comme démontré dans l’atelier de pédagogie positive que j’ai suivi, la spatialisation (ou technique des loci) utilise la mémoire des lieux et permet d’apprendre avec son corps et sa tête :

l’information est déposée quelque part de manière spatiale,
on associe mentalement le mot à l’endroit,
chaque information (ou chaque vers d’une poésie par exemple) est déposée dans une pièce de la maison ou attachée à un objet : l’enfant se met en mouvement pour réellement déposer l’information,
à chaque récitation ou mémorisation, l’apprenant refait le chemin dans l’ordre en revoyant mentalement le mot associé à chaque endroit et le dit à haute voix,
au moment de la restitution, l’enfant peut visualiser mentalement la pièce ou l’objet et ses déplacements.
En complément, je vous conseille cet article : 14 outils indispensables pour apprendre.

9. Les intervalles idéaux pour réviser selon le temps restant avant l’évaluation

Dans une étude menée en 2008 sur 1 300 étudiants à l’Université de Californie, des scientifiques ont déterminé les intervalles optimaux pour apprendre une information. Si l’évaluation est dans une semaine, il vaut mieux prévoir deux séances de travail espacées de un ou deux jours. Par exemple, pour une évaluation vendredi, étudier le lundi et réviser le jeudi serait la meilleure solution.

10. Le rôle du sommeil

Le cerveau traite et structure l’information pendant la nuit.

Les neuroscientifiques insistent sur le rôle joué par le sommeil dans cette phase de répétition et de consolidation. Ils affirment qu’après une période d’apprentissage, une période de sommeil, même courte, améliore

la mémoire
la généralisation
la découverte de régularités
L’amélioration du sommeil peut être une intervention très efficace pour remédier à des problèmes d’apprentissage.

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