La paix est revenue depuis 2003, la présidente Ellen Johnson s’est attelée à tout reconstruire à partir de 0. George Weah refuse d’évoquer le vieux contentieux entre colonisateurs et indigènes au nom d’un principe : « Nous sommes tous libériens ».

Quand il évoluait dans les milieux proches du football français, George Weah s’est fait beaucoup d’amis; ils sont encore plus nombreux depuis que l’ancien Ballon d’or est devenu le nouveau président de son pays. L’Elysée qui l’accueille ce 21 février doit écarter les importuns à la recherche d’invitations. La personnalité de George Weah devrait renforcer les liens avec la France d’un pays qui appartenait à l’Afrique dite anglophone et qui, surtout, a été marqué par un passé très singulier.

Un fait unique, d’abord. Avec le Libéria, les Etats-Unis ont tenté à partir des années 1820 leur unique aventure de colonisation – organisée, il est vrai, par des sociétés privées. Fait paradoxal encore : les esclaves libérés qui furent installés sur cette Côte du Poivre se comportèrent à leur tour en colonisateurs, ne se souciant pas des droits des indigènes.


La devise du Libéria est : « L’amour de la liberté nous a tous amenés ici ». Sans doute aurait-il été plus fécond d’en appliquer une autre : « L’amour de la liberté nous a fait nous rencontrer ici ». Toujours est-il que pendant un siècle, la citoyenneté et l’éducation ont été réservées à une petite minorité dite américano-libérienne qui ignorait l’idée de développement. C’est quand ils entrent enfin en mouvement que les régimes immobilistes de ce type se mettent en danger. L’ouverture progressive de la citoyenneté après le milieu du XXème a soudain révélé les gouffres du système.

1980. La vieille élite est renversée. Les « natives » accèdent au pouvoir mais le premier à l’exercer, le sergent Doe, ne le fait qu’au profit de sa seule ethnie. La guerre civile s’installe après son assassinat. Crédité aujourd’hui de 4, 6 millions d’habitants, le pays perdra 250 000 morts, un million de libériens fuiront, un million et demi de personnes devront migrer à l’intérieur.

La paix est revenue depuis 2003, la présidente Ellen Johnson s’est attelée à tout reconstruire à partir de 0. George Weah refuse d’évoquer le vieux contentieux entre colonisateurs et indigènes au nom d’un principe : « Nous sommes tous libériens ». La majorité des habitants exprime une préférence pour l’oubli des crimes inouïs de la guerre civile. Voici une nouvelle proposition de devise : « Chacun vient de quelque part mais l’amour de la liberté nous réunit » C’est à vérifier…

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