A 106 ans, Roberta McCain a été l'une des premières à s'installer face au cercueil de son fils vendredi au Capitole, frêle silhouette en chaise roulante pourtant fidèle à la force stoïque qu'elle avait montrée en apprenant, il y a cinquante ans, que l'avion de son "Johnny" avait été abattu au Vietnam.

Vêtue d'une fine chemise blanche à pois noirs, chevelure blanche impeccablement coiffée, elle a passé de longues minutes à côté de chaises vides, le regard fixé sur le cercueil drapé du drapeau américain de John McCain, décédé samedi à 81 ans d'un cancer du cerveau.

Habitant à Washington, c'était le premier hommage public qu'elle pouvait lui rendre après les premières cérémonies organisées en Arizona, Etat de l'Ouest américain dont son fils était le sénateur républicain.

Présence imposante pendant toute la cérémonie, c'est elle qui a réconforté sa petite-fille, Meghan McCain, 33 ans, la tenant fermement par la main alors qu'elle pleurait. Puis elle est allée saluer le cercueil, faisant un délicat signe de croix sur sa poitrine, la tête inclinée.

Le souvenir de la capture de John McCain au Vietnam

En 1967, elle avait pendant un long moment déjà cru devoir dire ses adieux à son fils. Pilote de chasse de l'armée américaine, John McCain menait le 23e raid de sa carrière le 26 octobre 1967 lorsque son chasseur A-4 Skyhawk a été abattu au-dessus d'Hanoï, au Vietnam.

Son père, amiral également appelé John McCain, et Roberta sont à Londres et apprennent la nouvelle alors qu'ils s'apprêtent à se rendre à un dîner chez l'ambassadeur d'Iran. Ils le croient mort. Mais pas question d'annuler. "Ca ne m'est pas venu à l'esprit. Vous savez, je suis quelqu'un d'assez stoïque", a-t-elle confié au magazine New Yorker en 2005. Le couple décide de ne rien dire à leurs hôtes.

On lui avait finalement annoncé que John McCain était prisonnier de guerre. "Pouvez-vous croire que ce soit la meilleure nouvelle que j'ai jamais reçue de ma vie? Vous voyez, les choses vous affectent différemment selon les circonstances". A propos de cette capture et des cinq ans de captivité de son fils, torturé, elle avait dit simplement au magazine Time: "Mon époux avait choisi sa profession, et Johnny aussi".

 

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