En fin de matinée, jeudi 6 septembre, au palais de justice de Créteil, la cour d’assises, qui jugeait une femme accusée du meurtre d’un enfant, a été priée de déménager dans une salle d’audience plus petite.

L’atrium du palais s’est hérissé de barrières de contrôle et de sécurité, et d’importants renforts policiers ont pris place à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment. C’est qu’une affaire de la plus grande importance était attendue : on allait juger le « clash » entre deux figures du rap français – Booba et Kaaris –, survenu le 1er août à l’aéroport d’Orly. Quelques hématomes et points de suture des deux côtés, quelques dégâts dans une boutique de l’aéroport, mais des images de rixe vues des millions de fois sur les réseaux sociaux.

Tout avait été anticipé : dehors, un déferlement de fans de chaque groupe décidés à en découdre ; dedans, une cohabitation à haute tension entre les quatre prévenus du « clan » Kaaris contre les sept du « clan » Booba.

Ils entrent, séparés par un cordon d’uniformes. Les places de chacun sur les bancs ont été consignées sur une feuille de papier, qu’une policière fait respecter avec autant de scrupules protocolaires qu’un dîner d’Etat. A gauche, le « clan » Kaaris, à droite le « clan » Booba, les deux chefs étant assis chacun à un bout du rang, à une incompressible distance. Derrière eux, une petite quarantaine de places réservées aux fans. Très sages. Le seul vrai déferlement est médiatique.

Arrêts sur images

L’audience peut enfin commencer. Il est 15 heures, elle devait s’ouvrir à 13 heures. Deux heures de plaidoiries sur des nullités de procédure se succèdent, les avocats s’enivrent, tous les autres s’ennuient.

Soudain, les visages et les stylos se tendent. Kaaris est appelé à la barre : « Ce qui s’est passé, c’est pas bon. Je regrette. Je présente mes excuses. Il y avait des papas, des mamans, des enfants. Je ne suis pas à l’origine de cette rixe. Certes, j’ai dû me défendre....

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