« Savoir si le wax est un tissu africain ou non, c’est bien… Mais au bout d’un moment, il faut aussi parler des vrais sujets qui concernent le business de la mode en Afrique. » Le tacle aux médias (dont Le Monde Afrique) qui ont consacré des articles audit sujet « subsidiaire » est bien senti, puis gentiment expliqué. Moulaye Tabouré, 31 ans, cofondateur d’Afrikrea, une plateforme française de commerce en ligne spécialisée dans la mode et l’artisanat africains, est comme ça. Il met les pieds dans le plat.

« Les marchés africains de la mode, en particulier en ligne, ont-ils du potentiel ? Et si oui, à quel point ? Qui sont les leaders ? Quelles sont les difficultés des marques et des créateurs africains ? Aujourd’hui, les vraies questions, celles que se posent les investisseurs et les acteurs du secteur, ce sont celles-là », sourit-il.

Des questions auxquelles Moulaye Tabouré et ses deux associés, Abdoul Kadry Diallo, 34 ans, et Luc Perussault Diallo, 41 ans, ont décidé de répondre à travers deux projets : la rédaction d’un « Livre blanc de la mode africaine en ligne », publié il y a quelques semaines, et un déménagement de leur start-up parisienne à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Un accord avec DHL

L’équipe, qui a levé près de 350 000 euros en 2017, notamment auprès des fondateurs du site de vente en ligne français Showroomprivé, Thierry Petit et David Dayan, compte aujourd’hui dix personnes. Faire connaître le site Afrikrea aux Africains, dénicher les talents, fédérer les créateurs autour du site, les encadrer… Les chantiers sont nombreux. Pour améliorer les tarifs et les délais de livraison (20 jours en moyenne), l’entreprise vient de signer un accord avec le géant du transport DHL en Côte d’Ivoire.

« Nous n’arrivons pas en terrain vierge ni conquis, loin de là. Chaque pays a ses spécificités en termes de consommation de la mode, admet Moulaye Tabouré. Chacun a son tailleur de proximité, les plus riches sont le plus souvent à la recherche de marques étrangères, les moins aisés séduits par les fripes [souvent venues d’Occident ou d’Asie] à des prix défiant toute concurrence. Il va donc falloir étudier les besoins et s’adapter à cette diversité. Le potentiel est là, nous en sommes convaincus. »

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