À la veille de Noël, les ventes de chocolat sont en plein boom. Qui dit chocolat, dit cacao. Le Ghana est le second plus gros exportateur de fèves au monde après la Côte d'Ivoire. Paradoxalement, le pays d'Afrique de l'Ouest n'a jamais vraiment développé son propre chocolat. C'est sur le point de changer grâce à l'implication d'une poignée de chocolatières locales.

Tema, le grand port industriel du Ghana, se résume à un empilement de containers et un alignement d'usines. Soudain, se dégage une odeur familière. L'entreprise Niche, qui emploie 350 salariés, produit chaque année 60 000 tonnes de cacao transformé pour l'exportation. Il y a deux ans, la firme a commencé à fabriquer son propre chocolat, à hauteur de 200 tonnes par an, destiné au marché local. Une singularité dans le pays. « Habituellement au Ghana, nous exportons le cacao pour des grands groupes, puis le chocolat est réimporté, rappelle Akua Kwakwa, la responsable marketing. Nous avons manqué l'opportunité de développer de A à Z quelque chose qui nous appartient. » Mais les temps changent. « Il y a actuellement une nouvelle tendance ; les Ghanéens veulent consommer les produits locaux, remarque-t-elle. C'est pourquoi on voit des chocolateries se créer. Il y a dix ans, ça n'existait pas ! »

Ces clients qui ne croient pas que le chocolat est local

Depuis les années 2010, des artisans ont fait le pari du chocolat ghanéen, jusqu'ici quasiment inexistant. Un paradoxe pour le second plus gros exportateur de cacao au monde, après la Côte d'Ivoire. Des artisans, ou plutôt des artisanes. Comme Akua Obenewaa Donkor, qui a lancé son entreprise Decokraft en décembre 2012. « Il y a six ans, la demande n'était pas aussi forte qu'aujourd'hui, se souvient celle qui vend aux particuliers comme aux grands hôtels de la capitale. Quand j'ai commencé, les clients doutaient que ce chocolat puisse avoir été produit au Ghana. Parfois, c'est fatigant de devoir expliquer que c'est bien du chocolat produit localement. Mais les consommateurs s'ouvrent petit à petit à cette idée. »

Évolution culturelle, mais aussi appel du pied du gouvernement. Depuis peu, l'État change de cap. La recette du tout pour l'export est remisée aux oubliettes. La transformation du cacao sur le territoire, mais aussi la consommation locale, sont devenues une priorité. La Saint-Valentin a même été décrétée au Ghana Journée nationale du chocolat afin de stimuler les ventes de truffes, bonbons et autres friandises cacaotées.

En période de fêtes, les petits artisans sont en pleine effervescence. Justine Tagbor, chocolatière-confiseuse de 58 ans, écume les marchés de Noël de la capitale pour faire connaître ses produits, de son chocolat au basilic ou au piment, aux fèves de cacao torréfiées, en passant par ses noix de cajou au chocolat. Cette Franco-Ghanéenne s'est installée, en 2012, à Accra. Ses débuts, elle s'en souvient encore. « À Noël 2013, j'ai reçu une grosse commande qu'il m'a été impossible d'honorer, car je ne trouvais pas de " couverture ", c'est-à-dire le cacao transformé. Or à l'époque, les couverturiers exportaient tous leurs stocks, et il ne restait plus rien pour les locaux. Il faut dire qu'à l'époque j'étais quasiment la seule. »

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