Une enfance pleine de rudes épreuves. En 1874, alors qu'elle n'a que cinq ans, sa sœur aînée est enlevée par des pillards qui ont aussi saccagé le village. En 1878, Bakhita, à l’âge d’environ neuf ans, est enlevée à son tour. Elle a pour destination Taweisha, centre de regroupement d’esclaves, situé à 180 km à vol d'oiseau de son village natal. Finalement, ils arrivent au marché des esclaves et sont introduits dans une pièce. Bakhita attend son tour avec sa consœur du nom de Binah. Un jour, elle s’enfuit avec Binah, mais elles sont reprises puis vendues à un marchand d'esclaves de passage qui les mènent, avec d’autres, à El Obeid, la capitale du Kordofan, centre caravanier sur la route menant du Tchad à la Mer Rouge. C'est alors que, comme au marché à bestiaux, le maître, maquignon pour humains, arrive, accompagné par le chef de la caravane, et son regard d'expert toise ces malheureux. Bakhita et Binah sont conduites chez le chef des Arabes. C'est un homme très riche, ayant déjà de nombreux esclaves, tous jeunes. Elles sont achetées et mises au service de ses deux filles. L'intention du maître est de les offrir à son fils, lorsqu'il se mariera. Ce dernier la traitera avec une telle brutalité qu’elle va rester près d'un mois sans pouvoir bouger. Trois mois plus tard, en 1879, alors qu'elle a dix ans, elle est vendue à nouveau, à un général de l'armée turque qui ne sera guère plus humain... C'est à cette époque que Bakhita subit les grandes douleurs de la torsion des seins et du tatouage.

Vers la lumière. Puis Bakhita est rachetée par le consul d’Italie Callisto Legnani. Nous sommes en 1883. Ce n'est pas encore la liberté totale, mais une évolution radicale : « Je n'étais pas encore libre, mais les choses commençaient à changer : finis les fouets, les punitions, les insultes, bref, les dix ans de traitement inhumain. » Durant deux ans, Bakhita aide la femme de chambre, en vivant une vie normale et, en 1884, elle part pour l’Italie. Le consul Callisto Legnani « fait cadeau » de la jeune fille au couple Michieli (Augusto et Maria). Elle suit alors sa nouvelle « famille » à son domicile de Zianigo (hameau de Mirano Veneto, près de Venise) et, pendant trois ans, elle occupe la fonction de gouvernante. Elle découvre que les Italiens ne volent pas les enfants pour les vendre et les réduire en esclavage. Bakhita est non seulement correctement traitée, mais bien logée ; elle dispose d'une chambre spacieuse, avec des fleurs devant la fenêtre. Elle joue le rôle de nounou à l’égard de la fille des Michieli dénommée Mimmina.

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