Douleur extrême dans l’âme car il n’a pas eu pitié de nos deux enfants et moi. Un homme à qui j’ai tout donné, j’ai trimé pour l’aider à réaliser son rêve dans la seule optique que notre famille soit heureuse une fois qu’il aurait atteint ses objectifs. Mais au lieu de cela, il nous a rejetés, il nous a juste mis à la poubelle et je continue d’en souffrir car lorsque mes enfants demandent d’après leur père, je n’ai aucun mot comme excuse pour justifier son absence totale. Mais je sais qu’il finira par rentrer. Un jour, tôt ou tard. Mon mari et moi nous sommes rencontrés sur mon lieu de travail. Je suis opératrice de saisie et j’avais grâce à quelques économies ouvert un petit kiosque. Je pouvais également aider les clients à jouer à la loterie VISA et c’est le jour où il s’est présenté pour prendre des renseignements que je l’ai connu. Tout de suite ce fut l’amitié car je l’avais trouvé très drôle et sympathique. Il m’expliqua ne pas avoir de chance avec les loteries et que cela faisait la troisième fois qu’il y jouait. - Tu ne veux pas jouer conjointement avec moi ? J’ai appris que tu l’avais déjà fait et ça a marché. Toi tu as tellement de chance ! - Tu veux que nous jouions en couple ? Mais nous ne sommes que des amis. Ça avait marché c’est vrai mais je n’ai pas voulu voyager avec un inconnu. - Certes oui mais c’est déjà un bon début. Je t’observe depuis un moment et tu me sembles si vraie si douce et si bonne. Tu es une femme patiente et mes collègues qui viennent faire les saisis chez toi me parlent constamment de toi. Tu es très belle et si tu le veux bien, j’aimerais mieux te connaitre. J’avais découvert en lui un jeune homme très passionné et ambitieux. Il voulait fonder une famille. Nous nous plaisions énormément et j’en tombai amoureuse. Il travaillait comme simple pompiste dans une station d’essence. J’acceptai de jouer à la loterie visa conjointement avec lui et quelques mois après il demanda ma main auprès de ma famille. Je découvris que j’étais enceinte de deux mois déjà, au bonheur de tous. Nous avons aménagé ensemble dans un petit appartement et tout se passait au mieux. Les résultats de la loterie sortirent quelques temps après et je me rendis compte que nous n’avions pas gagné mais qu’à cela ne tienne, j’allais me consacrer à ma vie de couple en entendant le prochain jeu. Mon homme et moi joignions les deux bouts grâce à nos économies. Lui avec son salaire moyen et moi avec les bénéfices de mon business. Mais mon mari perdit son travail dans la foulée et je commençai à porter toutes les charges sur les bras. Nos jumeaux vinrent au monde quelques mois après et mon mari était toujours au chômage. Il faisait quelques petits jobs çà et là mais rien ne donnait alors avec sa moto, il décida de devenir conducteur de taxi moto. Pendant tout ce temps, mon mari n’arrêta jamais de me dire à quel point il aurait aimé partir en Europe, y trouver du travail et revenir nous chercher ses bébés et moi. Il en parlait tellement que c’était devenu une vraie obsession pour lui. Cette envie hantait notre couple car à chaque fois que l’un de ses amis partait en Europe, mon mari passait des nuits blanches. Certains jours il rentrait avec à peine de quoi nous nourrir et il fallait se battre et jongler pour payer notre loyer mais je le faisais. L’année suivante mon mari alla jouer seul à la loterie, sans rien me dire. C’est cela à la découverte du reçu dans la poche de son pantalon que je compris. Il m’expliqua qu’il avait dû jouer seul car ses amis partaient jouer ailleurs et il les avait suivis, donc il n’avait pas eu le temps de me faire venir avec les enfants. Je ne lui en voulus pas. Je passai des nuits à prier pour que Dieu lui fasse gagner cette loterie et le jour de la proclamation des résultats, je fus honorée de lire son nom parmi les gagnants. Je fus si heureuse que je le fis venir de suite et lui annonçai la nouvelle. Il me porta au ciel totalement heureux également. - Chérie, c’est fini, notre galère va s’arrêter. Je remercie Dieu de t’avoir mis sur ma route tu es mon ange. Merci pour tout, tes prières, tout. Merci d’être qui tu es pour nos enfants et toi. Nous avions tous cru que nos problèmes seraient ainsi réglés mais c’était totalement faux car pour partir mon mari avait besoin de beaucoup d’argent pour les formalités et le billet d’avion. Cet argent nous ne l’avions pas et je faisais des heures supplémentaires pour économiser plus mais c’était peine perdue car mes miettes n’y pouvaient rien. Il m’informa qu’une association de conducteurs de taxi-moto tenait à la fin de chaque semaine une tontine et que l’argent était assez pour ses dépenses. Il proposa que je me porte garante afin que cet argent lui soit remis en prêt. J’acceptai. Il me demanda de leur garantir le paiement et qu’une fois laba, il nous enverra les sous dès les trois suivants mois pour les payer. Je crus en lui et acceptai aussi. Cet argent finit en un laps de temps et il retourna encore faire pareil une seconde fois. Le tout en mon nom. Mais cet argent fut juste assez pour lui permettre de partir. Ce fut une séparation très douloureuse mais je restai très optimiste car j’étais convaincue que mon mari nous ferait partir dans quelques années. Je commençai à payer sa dette à petits coups. Je versais la moitié de mes recettes tous les soirs mais j’étais toujours très loin du compte. Les trois mois qu’il avait demandé pour commencer à payer passèrent largement. Mon mari ne fit cas de rien. Pourtant dès qu’il arriva dans le pays, il commença à travailler automatiquement et un cousin qui habitait dans le même état que lui et qui lui avait déjà rendu visite m’avait dit que mon mari gagnait très bien sa vie. Je fus choquée car depuis son départ, il ne faisait que se plaindre de ne pas trouver un travail à sa portée et d’être encore au chômage. Je saignais pour subvenir aux besoins des enfants, tellement que je n’arrivais même plus à m’offrir un complet de pagne. Je commençai à dépérir à force de réfléchir, à force de souffrir en silence. Dans le même temps, ceux à qui mon mari devait de l’argent venaient me harceler pour avoir la totalité de leur argent car ce que je pouvais payer par mois était insignifiant et c’était l’argent d’une tontine. Ils menacèrent même de me faire enfermer pour obliger mon mari à réagir, je fus convoquée au commissariat et ma chance fut d’être tombée sur un commissaire compréhensif qui leur demanda un peu plus de délai. Je pleurai toutes mes larmes au téléphone, je passai le temps à essayer de joindre mon époux, six mois seulement qu’il était parti et il ne répondait plus à mes appels, ne donnait plus signe de vie, ne demandait plus d’après les enfants. Il nous avait juste abandonné. Je fus obligée d’en parler à ses parents. Mais malgré toute leur insistance, il répondit juste qu’il cherchait des solutions laba et que la vie n’était pas aussi facile qu’il l’avait imaginé. Qu’il réagira lorsqu’il sera un peu stable. Le mois suivant, il envoya un mandat d’à peine 100 000 FCFA pour selon lui essayer de gérer quelques besoins. J’avais 5 mois de loyer impayé et le propriétaire qui pourtant était un homme calme et patient se retrouva dans l’obligation de me demander de vider la chambre. Cet argent ne pouvait rien mais vraiment rien pour nous. Il refusa de me prendre au téléphone et mit mon numéro sur liste noire. Je ne comprenais vraiment pas pourquoi mon mari avait autant changé en si peu de temps. Il me parlait très mal et me traitait de villageoise, de femme non civilisée. Je demandai à mon cousin de tout faire pour le retrouver et lui parler une fois encore de notre situation. Il refusa de le rencontrer prétextant un emploi du temps chargé. Pendant ce temps, mes enfants et moi avions été mis dehors et ce fut chez mon père dans sa modeste petite maison de deux chambres qu’il partageait avec mes frères et sœurs encore jeunes que je finis avec mes enfants. Je n’avais plus aucune économie, je passais mon temps à prier et à pleurer car j’avais besoin de Dieu. Je me rendais à l’église et priais pour que Dieu touche le cœur de mon mari. Des mois après, je reçus un appel des Etats-Unis. Je décrochai aussitôt et reconnus la voix de mon mari. Je fus si soulagée que je me remis à pleurer. - Tu pleures pourquoi ? Je ne t’appelle pas pour tes enfantillages. Je veux t’informer qu’ici clairement les choses ne sont pas faciles. Je dois trouver urgemment des solutions pour joindre les deux bouts et prendre soin des enfants et toi. Ecoute bien ce que je veux te dire. J’ai rencontré une riche Nigériane ici. Je veux l’épouser pour qu’elle nous aide. Je lui ai dit que j’ai des jumeaux, mais que leur maman est une handicapée mentale. Elle accepte de récupérer les gamins ici. Ce serait bien que tu acceptes parce que nous n’avons pas le choix. C’est un sacrifice que je te demande pour nos enfants. Ici ce n’est pas de l’amusement. Penses-y, je vais te rappeler dans le weekend pour en discuter. Ce fut un one-man-show. Il parla tout seul sans me demander mon avis et me raccrocha au nez. Je tombai malade. Toute la famille fut très choquée mais personne ne put lui faire entendre raison. Je n’arrêtais de pleurer, nuit et jour. Je perdis totalement goût à la vie. Après une longue pression des parents, il accepta enfin de payer la dette et décida de nous envoyer par mois une somme de 100 000 FCFA pour nos dépenses. Il décida de nous prendre un autre appartement plus petit mais resta sur sa décision d’épouser cette femme. Le Samedi suivant, lorsqu’il m’appela, je lui sortis directement cette phrase : - Ce sera elle, toi ou moi mais l’un de nous trois y restera. Si tu veux l’épouser Vas-y mais jamais tu n’amèneras mes enfants et jamais tu ne seras heureux. Je pensai à me suicider, à en finir avec ma vie car cet homme je lui avais tout donné. Tout et il m’avait ruiné et humilié. L’année suivante, il rentra au pays avec sa nouvelle femme et l’installa dans une villa meublée. Il débarqua chez moi pour amener mes enfants et je m’y opposai catégoriquement. Il me frappa copieusement en m’accusant de vouloir gâcher sa vie. Au final il amena mes bébés qui étaient en pleurs. Il jeta par terre une valise contenant des habits et d’autres choses encore. - Tiens c’est ma femme qui te l’envoie pour tes soins. Tu as intérêt à jouer le jeu car pour elle tu es une folle. Tu ne peux donc pas garder les enfants. Il entama la procédure d’adoption de mes enfants contre mon gré. Je finis par ressembler à une folle tellement j’étais déboussolée perdue et totalement meurtrie. Il se tint à l’écart de tous, y compris des membres de sa famille pour que personne n’ai à lui rappeler la morale. Après un mois de séjour, il me ramena les enfants et repartit avec sa nouvelle femme. La procédure d’adoption étant enclenchée, heureusement qu’elle était longue ; je pris mes courages à deux mains et je recommençai mes activités au kiosque. Mais j’avais le cœur en miette. Ma famille fut mon plus grand soutient mais j’avais la haine, la rage. Je passais mes nuits à regarder mes bébés dormir et je pleurais car si je ne faisais rien je risquerais de les perdre. Pourquoi mon mari avait autant changé, que s’était-il donc passé ? Je ne trouvais aucune réponse à mes questions mais la douleur de cette trahison était tellement vive que je décidai de le détruire. Je me réveillai à l’aube, déposai mes bébés chez mon père et partis à la rencontre d’un grand féticheur connu du village. Je lui exposai la situation et il me demanda de bout en bout si je voulais le tuer. Je lui répondis que non mais que je désirais qu’il soit ruiné, qu’il perde tout, que ses activités se gâtent et qu’il se sépare d’avec cette femme qui veut me prendre mes bébés. J’étais totalement consciente de ce que je m’apprêtais à faire et j’étais bien décidée à le faire. Je rentrai chez moi et pleurai encore longtemps, je revis ma vie, comment j’étais en paix avant de le rencontrer, comment il m’avait épousé et dans quelle condition douloureuses mes bébés étaient venus au monde, plus de 48h de travail, comment nous avions souffert ensemble et comment j’ai porté et tout supporté pour qu’il s’en sorte. Comment j’ai dû donner mes économies afin qu’il puisse partir et comment il m’avait laissé croupir sous les menaces de ses créanciers, comment il avait bafoué mon honneur en me laissant presque aller en prison et comment il m’avait annoncé qu’il allait prendre une autre femme alors qu’il avait un très bon travail bien rémunéré, un logement, une voiture et j’avais même appris qu’il s’était pendant son séjour acheté un terrain de plus de 8millions en pleine ville. Comment pouvait-il être aussi cruel envers moi ? Pourquoi ça ? Je me couchai et dormis en paix. Je savais que son sort était déjà scellé. Le mois suivant, j’appris qu’il avait perdu son travail et que sa Nigériane et lui s’étaient séparés pour une affaire d’argent. Je ne fis aucun commentaire. Les choses se compliquèrent tellement pour lui qu’il fut je ne sais pour qu’elle connerie arrêté par la police et mis en prison. Je ne fis aucun commentaire. Je pris soin de mes bébés pendant les 5 années qu’il passa derrière les barreaux. Il en est sorti mais je ne sais pas ce qu'il devient depuis. Ma petite activité finit par grandir. D’une machine à photocopier, je passai à deux plus trois et quatre. Je pris une boutique bien plus grande et y ouvris mon entreprise. Je recrutai du personnel. Aujourd’hui, mes enfants sont toujours avec moi, je n’ai point de nouvelles de leur papa. Nous n’avons besoin de rien du tout. Nous vivons très bien. Je sais que tôt ou tard, il finira par revenir au pays et il nous cherchera. Je serai encore là à l’attendre.

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