L'histoire de Karaba la sorcière ne serait que la triste histoire d'un viol collectif et de guerre en Afrique. Comme vous le savez, Karaba a une haine profonde des hommes qu'elle a fini par transformer en "fétiches".

Kirikou, cherchant à comprendre comment vaincre Karaba, va voir son "grand-père", le vieux sage dans la montagne. Ce dernier lui révèle pourquoi Karaba hait les hommes et les transforme en fétiches. On apprend durant son récit, que Karaba, jeune femme très belle, avait été " capturée" par les hommes du village qui a plusieurs se sont mis sur elle, l'ont immobilisée pour lui enfoncer dans l'épine dorsale "un pic" qui la fait souffrir atrocement et lui fait subir le martyr depuis, et qui l'a transformée en sorcière. Cette douleur quotidienne est telle, qu'elle l'empêche de vivre, d'aimer et l'a rendu haineuse contre les hommes qu'elle a maudit et avec eux tout leur village.

Ceci n'est rien d'autre qu'une allégorie du viol collectif. L'auteur Michel Ocelot, créateur du film a par là voulu dénoncer les viols de guerre et leur processus de rejets. Ici on apprend donc que les hommes se sont mis à plusieurs sur Karaba, l'ont immobilisée et lui ont enfoncé "un pic" qui symbolise leur sexe, causant des douleurs effroyables à Karaba! Suite à cette douleur infligée par des hommes, elle s'est retrouvée rejetée et isolée hors du village, ce qui est le schéma réel des femmes victimes de viols collectifs, ou de guerre. De victimes elles passent à coupables aux yeux des autres, qui en les rejetant, rejettent leur propre imageculpabilité et leur impuissance à conjurer la douleur de ces femmes qu'ils n'ont pu protéger.

Kirikou ici représente l'innocence et le courage. C'est lui qui apprenant le secret de Karaba, va la délivrer de son mal en lui arrachant avec les dents, le pic que lui ont enfoncé ces hommes, la libérant ainsi de sa douleur. Sur ce, cette dernière va reprendre goût à la vie, et va pardonner aux hommes, leur redonner leur aspect normal et se réconcilier avec le village. Tout autour d'elle sera transformé à nouveau et la nature va reprendre ses droits, son agression par les hommes, son viol ayant maudit tout le village, le desséchant, le privant de lumière, d'eau, de fleurs etc...

L'auteur montre que violer une femme, c'est violer le monde, se maudire soi-même et être condamné au malheur. Karaba la sorcière n'est donc pas un bourreau, mais une victime de viol qui ayant eu le courage de punir ses bourreaux qui sont les villageois, s'est vue rejetée par toute sa communauté et mise à l'écart.

 

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