Antoinette Botti est une entrepreneur sociale basée en Norvège et originaire de Côte d’Ivoire. Fondatrice de la marque Ging qu’elle crée en 2012, Antoinette travaille avec des femmes rurales de Côte d’Ivoire pour produire et commercialiser une boisson saine au gingembre faite à base d’ingrédients naturels et inspirée d’une recette traditionnelle d’Afrique de l’Ouest appelée “Gnamakoudji”, une boisson forte à base de racine de gingembre qui est souvent utilisée comme expectorant, antalgique et pour son effet réchauffant. L’entreprise, qui a démarré sur la table de la cuisine d’Antoinette, commercialise aujourd’hui ses produits à travers 27 points de vente dans la région d’Oslo en Norvège. Mère d’une fille, Antoinette croit fermement au leadership féminin et s’exprime sur les défis auxquels font face les femmes migrantes entrepreneurs en Norvège lors de diverses conférences. Elle est aussi la fondatrice du réseau panafricain des femmes en Norvège (Pan-African Women’s Network in Norway) et a reçu un prix du leadership et de l’entrepreneuriat social en 2015 de la Leadership Foundation en Norvège.

Bonjour Antoinette. Parles-moi de tes débuts… Qu’est ce qui t’a emmené en Norvège il y a 28 ans?

Venant à l’origine de la Côte d’Ivoire, la France et surtout Paris est le premier endroit où j’ai migré, comme de nombreux Ivoiriens. Mon rêve était de retourner dans mon pays d’origine pour aider mon peuple après mes études. Mais parfois, la vie vous emmène dans une direction différente, et je me suis soudain retrouvée en Norvège.

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Qu’est-ce qui t’as inspiré à lancer Ging?

J’ai été élevée par ma grand-mère dans un petit village. Elle était passionnée de médecine naturelle et utilisait beaucoup de gingembre pour garder la famille en bonne santé. Ayant grandi dans un petit village, j’étais également entourée de femmes ambitieuses qui ne pouvais pas terminer leurs études, mais ont travaillé dur pour soutenir leur famille. Grâce à une grande variété d’activités, elles ont pu créer des emplois pour les autres femmes du village. Comme ma grand-mère, ces femmes ont eu une forte influence sur moi en grandissant.

Peux-tu m’en dire plus sur les origines de la boisson Ging?

Ging est une boisson saine et traditionnelle appelée localement « Gnamakoudji » en Côte d’Ivoire. Cela signifie « boisson au gingembre » ou « eau de gingembre ». Ging est aussi le nom de ma marque provenant du mot gingembre. Le gingembre est connu pour aider à lutter contre la grippe, les nausées, les troubles digestifs et les douleurs musculaires. Il est également réputé pour ses vertues aphrodisiaques.

Ton entourage était-il favorable à ton initiative?

La Norvège est l’un des pays où les femmes connaissent une plus grande égalité des chances que partout ailleurs dans le monde. En tant qu’entrepreneur, il est également important de savoir ce que vous voulez. J’avais une vision très claire de l’endroit où je voulais aller, de qui était ma cible, et où je souhaitais que mes produits soient vendues. En tant qu’entrepreneur, je devais savoir qui sont mes concurrents, ce sont des gens qui ne font aucune erreur, je devais donc être en mesure d’être excellente dans mon domaine. Même si j’étais entourée de personnes qui m’ont soutenu, je devais travailler dur et dépasser mes limites pour arriver là où je voulais aller avec mon entreprise. Ca n’a pas été facile mais j’ai énormément appris.

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Quelles sont les principales opportunités d’affaires et les défis que tu identifies en Norvège?

Il existe de nombreuses opportunités d’affaires ici en Norvège en fonction de ce que vous voulez faire ou du domaine sur lequel vous voulez vous concentrer, comme dans de nombreux pays dans le monde. Mais je dois dire qu’en tant que femme et femme Africaine, j’ai trouvé qu’il était plus facile de démarrer mon entreprise ici. Je n’ai pas fais face aux barrières culturelles qui empêchent souvent les femmes de faire ce qu’elles veulent vraiment et ce qui est meilleur pour elles. Cependant, il existe de nombreux défis pour les femmes migrantes: la première est la barrière de la langue, la seconde est le réseau. Lorsqu’un nouveau produit est lancé, il doit être promu, l’emballage et la qualité sont importants… Ce sont quelques-uns des principaux défis auxquels un entrepreneur peut faire face. Mais il faut rester fidèle à soi-même et garder à l’esprit qu’aucune erreur de votre part ne sera autorisée. Ne pensez pas que parce que vous êtes une femme ou que vous venez d’Afrique que vous serez traitez différemment. La vie est dure pour tout le monde, mais vous devez connaître votre but.

Les difficultés seront toujours là, mais la chose la plus importante c’est d’apprendre d’elles et de les transformer en opportunités. Chaque fois que je fais une erreur, je prend note et j’en tire des leçons. Les difficultés sont devenues un processus d’apprentissage pour moi. Je suis parvenue à les transformer en quelque chose de positif.

Comment était le processus de création de ton entreprise? As-tu reçu un financement?

Le début a été difficile, mais j’ai eu la chance de recevoir une subvention d’une institution norvégienne appelée «Innovation Norway». Cela m’a donné la possibilité de commencer.

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Quelle est le plus grand avantage de faire des affaires en Norvège?

Le plus grand avantage ici est que l’on a un système qui nous protège contrairement à mon pays d’origine, et bien sûr le côté finance est un avantage. Je dois dire que la Norvège est plus avancée en matière d’égalité des sexes dans de nombreux domaines comparé à d’autres pays, et ils travaillent encore dur pour couvrir d’autres secteurs. Cependant, il existe encore des défis qui rendent les choses plus difficiles pour certaines femmes issues des minorités. Mais cela dépend aussi de nous. Rien dans la vie n’est gratuit, il n’y a pas de chance, tant que vous n’êtes pas prêt à changer votre propre vie.

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