À l’origine, le vers est chanté, d’où, comme la musique, le vers est mesuré. L’unité de mesure est la syllabe
1) Le décompte des syllabes
Un vers est un ensemble de syllabes. On mesure un vers en comptant le nombre de syllabes qui le composent. Une syllabe correspond à la plus petite unité phonique qui se prononce d'une seule émision de voix.
Ex: ami → 2 syllabes
A. Le E muet
Le e, très mal dit « muet », est l’un des seuls véritables points d’achoppement dans le calcul des syllabes d’un vers. La diction quotidienne a tendance à « manger » les e, soit à la fin d’un mot soit au milieu d’un mot : « Ell’ m’pass’ le cur’dent » (au lieu de « Elle me passe le cure-dent »).
Quand vous lisez un vers, vous devez faire très attention aux e muets : il faut les dire et donc les compter, tous sauf le dernier du vers. Le e final d’un vers ne compte jamais :
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne
Le e de campagne ne compte pas. Le mot compte donc pour deux syllabes cam-pagne (et non cam-pa-gne).
Il reste alors deux cas à étudier : soit le e est devant une consonne, soit le e est devant une voyelle.
a) Le e devant consonne
Si, dans un vers, un mot se terminant par un e est suivi d’un autre mot commençant par une consonne, alors ce mot comptera une syllabe supplémentaire. En effet, devant une consonne, le e sera prononcé et compté, et formera donc une syllabe.
Exemple :
J’ai vu fondre la neige (J’ai vu fon-dre la neige)
Le mot « fondre » compte pour deux syllabes « fon » et « dre », le e final du mot se trouvant devant un mot (« la ») commençant par une consonne (le « l »).
b) Le e devant voyelle
Si un mot se terminant par un e est suivi d’un mot commençant par une voyelle, alors le e ne comptera pas.
Exemple :
L’opaque obscurité fermait le ciel béant ;
Le mot « opaque » est suivi d’un mot commençant par une voyelle (« obscurité »). « opaque » compte alors pour deux syllabes « o-paque »
attention Le e d’« opaque » s’élide (il disparaît) si bien qu’on dit le vers ainsi : « L’o-pa-quo-bscu-ri-té ».
B. La règle du hiatus
Lorsqu'un mot commençant par une voyelle suit un mot se terminant par une voyelle autre que e (qui, elle, s'élide), on dit qu'il y a hiatus :
il va a Koumpetoum ; un taureau enchaîné
On parle de diérèse quand on compte pour deux syllabes deux voyelles voisines comptant d'ordinaire pour une syllabe. La diérèse en décomposant le son a pour effet de donner plus d'ampleur au mot sur lequel elle porte ou de l'adoucir :
Dame du ciel, / régente terri-enne
La synérèse esl la fusion de deux voyelles contiguës en une seule syllabe, la première devenant une semi-voyelle (par exemple souhait [su∊] prononcé [sw∊]).
2) Les principaux types de vers
Graphiquement, le vers correspond à une ligne du poème. C'est une réalité poétique qui a un impact sur le rythme, mais pas nécessairement sur le sens. On mesure le vers d’après le nombre de syllabes qui le composent.
Un vers d’une syllabe est appelé monosyllabe.
Un vers de deux syllabes est appelé dissyllabe.
Un vers de trois syllabes est appelé trissyllabe.
Un vers de quatre syllabes est appelé tétrasyllabe.
Un vers de cinq syllabes est appelé pentasyllabe.
Un vers de six syllabes est appelé hexasyllabe.
Un vers de sept syllabes est appelé heptasyllabe.
Un vers de huit syllabes est appelé octosyllabe.
Un vers de neuf syllabes est appelé ennéasyllabe.
Un vers de dix syllabes est appelé décasyllabe.
Un vers de onze syllabes est appelé indécasyllabe.
Un vers de douze syllabes est appelé dodécasyllabe ou alexandrin.
Un vers de plus de douze syllabes est appelé vers libre.